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Responsabilité allemande dans l'affaire Kurnaz

Sandrine Blanchard29 mars 2007

Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des Affaires étrangères, et l’ancien ministre de l’Intérieur, Otto Schily, assument leur part de responsabilité politique dans l’affaire Kurnaz. Les deux hommes étaient entendus aujourd’hui par la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur cette affaire hors du commun.

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Otto Schily (au centre) devant la commission d'enquête parlementaire
Otto Schily (au centre) devant la commission d'enquête parlementaireImage : AP

Murat Kurnaz, Turc résidant en Allemagne soupçonné de terrorisme par les services secrets américains, avait été arrêté en 2001 par la CIA. Il affirme avoir été torturé avant d’être enfermé dans la prison de Guantanamo où il a passé quatre ans. Son avocat reproche au gouvernement allemand de l’époque d’avoir retardé sa libération.

Pour Frank-Walter Steinmeier, en revanche, la libération de Murat Kurnaz du camp de Guantanamo, en 2006, est une décision politique américaine, sur laquelle les dirigeants allemands n’ont eu aucune influence. Le chef de la diplomatie allemande, entendu comme témoin par la commission d’enquête, a rappelé dans une interview à la télévision publique le contexte international de cette affaire :

« Nous parlons d’une époque qui n’était pas facile, juste après les attentats du 11 septembre. A cette période, de nombreux attentats ont eu lieu : à Casablanca, à Riyad, à Djerba, puis à Madrid et à Londres. Comme je l’ai déjà évoqué, les décisions à prendre n’étaient pas aisées, mais celles dont j’ai eu connaissance, je les assume encore aujourd’hui. »

Le ministre de l’Intérieur de l’époque, le social-démocrate Otto Schily, a lui aussi pris la défense de son collègue Steinmeier, qui dirigeait alors les services de la chancellerie de Gerhard Schröder :

« Il a pris les bonnes décisions. Le ministère fédéral de l’Intérieur a lui aussi bien entendu participé aux décisions. Nous avons la responsabilité de nos concitoyens et cela implique que nous éloignions de notre pays ceux qui peuvent représenter un danger pour lui, et c’était le cas de Murat Kurnaz. »

Les deux responsables politiques ont donc assumé leur part de responsabilité. Ils ont rappelé que Murat Kurnaz avait été jugé potentiellement « dangereux » par une commission d’experts, ce qui lui avait valu d’être interdit de retour en Allemagne. Frank-Walter Steinmeier a exprimé ses regrets après les 4 ans d’incarcération de Murat Kurnaz. Mais le ministre a estimé que la Turquie, elle, aurait pu accueillir le prisonnier.

Wolfgang Neskovic, le représentant de la gauche au sein de la commission d’enquête, a critiqué vertement les propos d’Otto Schily et Frank-Walter Steinmeier. Selon lui, Otto Schily a pris sur lui une responsabilité pour un poste qu’il n’assume plus et serait bien en mal de prouver la dangerosité de Murat Kurnaz. Wolfgang Neskovic réclame la démission Frank-Walter Steinmeier qui n’a pas empêché le transfert du prisonnier à Guantanamo.