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Retour au pouvoir des nationalistes en Croatie

Sandrine Blanchard25 novembre 2003

Les nationalistes sont de retour au pouvoir en Croatie, avec Ivo Sanader à leur tête. Il y a quatre ans, le parti gagnant des élections de dimanche, avait pourtant dû quitter le gouvernement suite à des affaires de corruption. La presse du jour revient sur l'alternance politique en Croatie.

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Les Croates en ont eu assez des querelles gouvernementales, du chômage et de leur niveau de vie très bas. C'est comme cela que la Süddeutsche Zeitung explique les résultats électoraux du week-end dernier. Par ailleurs, les conséquences morales et matérielles de la guerre de Yougoslavie pèsent encore sur le choix des électeurs. Sans oublier la situation au Kosovo qui est venue apporter elle aussi de l'eau au moulin des nationalistes. Mais la question qui se pose désormais, selon la SZ, c'est celle de la capacité de la Croatie à intégrer au plus vite et l'OTAN, en 2006, et l'Union européenne, un an plus tard, en 2007. Deux intégrations qui dépendent aussi de la capacité de leurs gouvernements à tourner non seulement la page du communisme, mais aussi celle du nationalisme violent qui les a déchirés.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung met l'accent pour sa part sur les attentes de l'électorat. La FAZ rappelle qu'au moment de son élection en 2000, le SDP social-démocrate sortant avait promis un changement radical au pays, qui allait s'ouvrir et intégrer l'Union européenne. Ce qui n'était pas que des promesses en l'air, explique le quotidien, puisque si l'entrée de la Croatie dans l'Union est effectivement envisagée, elle le doit bien au gouvernement sortant. Sauf que le changement fulgurant promis, on l'attend encore. Résultat : la condamnation de cette mollesse politique par les électeurs croates est sans appel. Même s'ils savent qu'au fond, c'est le HDZ d'Ivo Sanader qui porte en partie la responsabilité de la situation actuelle. Une situation qui trouve ses racines dans l'ère Tudjman. Une époque noire pour le pays, qu'Ivo Sanader, désormais sur la sellette, tente de faire quelque peu oublier. Alors maintenant, on attend de lui qu'il réduise la dette de l'État, tout en créant des conditions favorables aux investissements étrangers et en permettant la création de nouveaux emplois. Et pour ce qui est de la mutation politique du HDZ en un parti conservateur propre, la FAZ se dit qu'il va bien falloir lui faire confiance.

Un autre quotidien de Francfort, plus à gauche celui-là - la Frankfurter Rundschau - se montre plus sceptique quant à l'évolution démocratique du parti d'Ivo Sanader. Selon lui, même si son dirigeant jure aux grands dieux que c'en est fini du nationalisme exacerbé, seuls deux facteurs permettront de confirmer, ou infirmer, ses dires. Tout d'abord son attitude envers l'aile dure, historique, de son parti, dans la tradition Tudjman. Et ensuite, la coalition, ou non, avec les extrémistes de droite du HSP, qui descend des Oustachis, bien qu'il ait pris cette année quelque distance avec eux. Un parti au passé lourd, qu'Ivo Sanader, note le journal un peu acerbe, a pourtant qualifié de « partenaire de coalition acceptable. »