1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Retour aux 40 heures sans augmentation de salaire chez Siemens

Sandrine Blanchard28 juin 2004

L’entreprise Siemens, premier groupe industriel allemand, a fait passer de 35 à 40 le nombre d’heures de travail par semaine, dans deux de ses filiales. Pas de compensation salariale à la clef, mais le renoncement de l’entreprise à délocaliser. Une décision qui pourrait faire tâche d’huile, en Allemagne et ailleurs en Europe. Alors, « chantage » ou « fatalité » ? La presse est partagée ...

https://p.dw.com/p/C9hP
Le texte négocié avec IG Metall autorise dans certains cas précis le passage de 35 à 40 heures sans compensation. "Concurrence oblige" ou "moins-disant social"?
Le texte négocié avec IG Metall autorise dans certains cas précis le passage de 35 à 40 heures sans compensation. "Concurrence oblige" ou "moins-disant social"?Image : ap

La Hessische/Niedersächsische Allgemeine de Kassel estime que ce genre de mesures n’est plus sujet à discussion. En ces temps de concurrence internationale, l’accord trouvé au sein de Siemens est le signe de la nouvelle flexibilité des syndicats. Et le journal de rappeler l’un des slogans du syndicat IG-Metall dans les années 1970 : « Le samedi, papa reste avec nous ». Maintenant, il s’agit de comprendre, toujours selon le quotidien, que la semaine de « papa » n’est pas faite de journées libres, l’essentiel étant désormais que « papa » ait du travail.

Pour la Süddeutsche Zeitung, les syndicats en sont arrivés à un carrefour essentiel de leur existence. Le quotidien munichois pense que si leurs dirigeants continuent de sortir le drapeau rouge, c’est pour pallier les crises internes et la diminution constante de leurs troupes. Et la SZ écrit qu’il faut désormais faire un choix : soit les syndicats accompagnent les changements et les réformes, soit ils optent pour un combat perdu d’avance, ce qui pourrait accélérer encore la ruine du parti social-démocrate. Les syndicats doivent cependant prendre garde, conclut le journal, à ne pas tomber dans le même piège que leurs homologues britanniques sous Margaret Thatcher. À force de tomber dans les bras des entreprises, ils se font broyer, et si, avant, rien n’était envisageable sans les syndicats, aujourd’hui, c’est le contraire.

Pour finir penchons nous sur la tageszeitung de Berlin. Elle est d’avis que Siemens n’est qu’un début vers un allongement généralisé du temps de travail sans contrepartie salariale, et couplé à la suppression du 13è mois voire de jours de congés. D’ailleurs une autre entreprise –de voyages celle-là- a déjà annoncé son intention de revenir à la semaine des 40h sur le même modèle. Autrefois, l’État injectait de l’argent dans les entreprises dans les situations difficiles, aujourd’hui c’est aux salariés de faire des concessions pour sauver leur emploi, écrit le journal. Et pourtant, la taz note que les exportations allemandes sont supérieures aux importations. Elle publie les avis contraires de deux juristes sur la question : l’un estime que la politique de Siemens est justifiée. Selon lui, les Allemands travaillent trop peu, et les employés auraient perdu leur emploi sans les réductions salariales. L’autre, par contre, compare cela à de l’esclavagisme. Il pense que le groupe a profité de la peur du chômage pour revenir sur des acquis sociaux aussi importants que la réduction du temps de travail ou les congés payés. Et il ne croit pas, alors que l’Allemagne compte des millions de chômeurs, que la solution est de faire travailler davantage ceux qui ont un emploi.