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Risque de conflit armé en Syrie

27 septembre 2011

Depuis le début du soulèvement il y a six mois, le pays vit dans la terreur. La contestation pacifique des premiers jours risque de basculer dans une révolution armée...

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Undated amateur video shows portrait of Syrian president Bashar El Assad being damaged in Douma, near Damascus, Syria on April 5, 2011. Photo by ABACAPRESS.COM
La contestation menace la survie du régime qui répond par une violence sans retenue. Le pays est au bord de l'abimeImage : picture alliance/abaca
In this photo taken during a government-organized tour for the media, Syrian soldiers and armored vehicles arrive in Istabraq village near the northern town of Jisr al-Shughour, Syria, Saturday, June 11, 2011. A border region with a history of hostility toward the Syrian regime is posing the biggest challenge yet for President Bashar Assad's struggle to crush the revolt against his family's 40-year-rule. (AP Photo/Bassem Tellawi)
Violence militaire contre contestation démocratique...le Président Bachir al Assad joue avec le feuImage : dapd

En Syrie la répression violente menée par le président Bachar al Assad se poursuit: ce matin encore, un assaut a été lancé contre le régime de Bachar al Assad ne semble pas vouloir s'écarter de sa tactique: diffamer les contestataires qui réclamaient seulement un peu plus de démocratie en les qualifiant de "bandes criminelles et d'assassins". Le vice-ministre des Affaires étrangères syrien, Faisal Mekdad, a d'ailleurs déclaré en marge de la conférence de l'ONU à New-York que son pays est soumis à une campagne terroriste. C'est inverser la réalité sur le terrain d'après un spécialiste des affaires syriennes, le Libanais Hilal Kashan: "Cela n'a aucun sens. Depuis 40 ans le pays est régi d'une main de fer. Et puis tout à coup apparaîtraient des soi-disants bandes armées qui mettraient le pays au bord de l'abîme? Cela voudrait dire alors que le régime aurait échoué d'après ses propres critères. Je ne veux pas exclure que certaines personnes recourent à la violence. Mais cela ne justifie en rien la répression militaire sans retenue. C'est un prétexte avancé par le régime, rien de plus."

Crainte d'une résistance armée

Cette violence sans retenue du régime en place a déjà fait quelque 3000 morts, d'après les chiffres de l'ONU. Et fait craindre à beaucoup que cette opposition pacifique ne bascule finalement dans une résistance armée. Les organisateurs essayent de pratiquer une désescalade du conflit. Les manifestations se déroulent dans des lieux plus calmes. Ou bien ils utilisent d'autres méthodes: par exemple ils ont détourné les sites internet des sept grandes villes syriennes et y ont fait paraitre les noms des victimes du régime. Mais même ce genre d'action est menacé: la psychanalyste Rafah Nached en est un bon exemple. Elle avait organisé des réunions hebdomadaires auxquelles participaient des Syriens de toute confession pour exorciser leur sentiment commun: la peur. Arrêtée alors qu'elle s'apprêtait à quitter le pays, Rafah Nached a été mise au secret pendant cinq jours et régulièrement interrogé. A 66 ans, victime d'un cancer et souffrant de dérèglements cardiaques, sa santé est sérieusement en danger... Autant de témoignages d'une répression féroce qui risque de mener les contestataires à prendre les armes par désespoir. C'est sans doute ce que cherche à provoquer le régime. L'équation est assez simple: Bachar al Assad en profiterait alors pour pratiquer une répression encore plus sauvage et il pense qu'il aura l'avantage, puisqu'il détient plus d'armes. Un piège que l'opposition essaye d'éviter... et qui risquerait de plonger le pays dans une guerre civile et confessionnelle entre chiites et sunnites. Mais le régime semble volontairement jouer avec le feu...

Auteur: Elisabeth Cadot
Edition: Anne Le Touzé