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Rupture au gouvernement tunisien, et après?

Tamara Wackernagel1 août 2016

La jeune démocratie tunisienne doit passer une nouvelle épreuve de remaniement gouvernemental, après le vote de défiance contre le Premier ministre Essid, le technocrate - tous réclament un profil "plus politique".

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Tunesien Habib Essid im Parlament in Tunis
Image : picture-alliance/dpa/EPA/Str

Le Premier ministre Habib Essid a été écarté ce samedi, 30 juillet dans la nuit par un vote de défiance de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), le Parlement tunisien. Un vote sanction, puisque seuls trois des 191 députés ont voté en sa faveur - le consensus sur ce point ne veut pas dire pour autant que la suite va être facile.

La rupture pour donner un nouvel élan

Il avait plaidé la continuité, il n’a pas été entendu: Habib Essid, le technocrate, non affilié à un parti est débarqué, sans surprise, puisque depuis son arrivée au pouvoir en février 2015, la pression n’avait fait qu’augmenter, et elle venait d’en haut: le Président Beji Caid Essebsi lui avait refusé son soutien. Face à la déception des Tunisiens excédés par l’inflation, le chomâge et le terrorisme, il fallait du changement, explique Ali Larayedh, membre du parti islamo-conservateur Ennahda et prédecesseur d’Habib Essid au poste de Premier ministre: "Ce vote ne sanctionne pas le bilan de ce gouvernement. Son bilan est plus ou moins acceptable, au regard des conditions dans lesquelles il a dû travailler. Ils ont essuyé de nombreux revers. Nous voulons maintenant redonner de l‘élan avec un nouveau gouvernement, qui pourra ainsi avancer et mener de nouvelles réformes." Plus de réforme, mais aussi plus de place pour Ennahda : ce n’est un secret pour personne, le parti espère renforcer son pouvoir avec le changement de gouvernement.

Tunesischer Premier Habib Essid
Habib Essid a pris les commandes du gouvernement tunisien en février 2015Image : AFP/Getty Images/F. Belaid

Le retour de l'instabilité politique?

Le remaniement s’annonce difficile, et les Tunisiens pourraient en payer le prix, selon Jilani Hammami du Front populaire, alliance des partis de gauche: "La situation du pays va s’aggraver encore davantage, puisqu’il va falloir attendre d’ici deux mois pour qu’il y ait un nouveau gouvernement, en attendant, ce sont le pays, l’économie, les affaires du peuple qui sont laissés pour compte." Mais Nidaa Tounès, le Parti du Président Essebssi se veut rassurant - à condition de choisir la voie de l'union nationale, comme l'explique Sofiene Toubel, chef de la fraction de Nidaa Tounès au Parlement: "On cherche une personnalité, qui soit semi-politique, semi-technocrate. Un politicien qui est un cadre de l’État, qui peut réaliser le programme. Habib Essid n’est pas allé au-delà de 10 - 15 pourcents de son programme. Sur le plan économique, le résultat est très catastrophique, maintenant en Tunisie." Le Président a entamé ce matin les consultations pour trouver un successeur à Habib Essid, il a dix jours.