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Scandale des visas : Karlsruhe exige la poursuite de l'enquête

Christophe LASCOMBES16 juin 2005

Triomphe pour l’opposition, défaite cuisante pour le gouvernement, les commentateurs de la presse allemande sont unanimes ce matin dans leurs analyses du récent jugement de la Cour Constitutionnelle. La Cour Suprême donne raison à l'opposition chrétienne-démocrate et exige la reprise des interrogatoires devant la commission d’enquête parlementaire sur le scandale des visas accordés avec laxisme aux pays d’Europe de l’Est. Le tout sur fond d’incertitude totale quant à la tenue des élections législatives anticipées.

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Les gardiens de la Constitution ont cette fois jugé à l'unanimité
Les gardiens de la Constitution ont cette fois jugé à l'unanimitéImage : AP

Pour die Welt, le pays observe depuis trois semaines la manière dont les différentes forces politiques essaient d’utiliser la constitution du pays au service d’une politique politicienne affligeante. L’envie spontanée du chancelier de procéder à des élections anticipées est devenue incontrôlable, car le caractère constitutionnel de ses actes semble être un luxe inutile pour le gouvernement. Les juges de Karlsruhe ont redressé la barre et remis les choses en place. C’est une sorte d’injonction à comparaître pour Otto Schilly, Ministre de l’Intérieur, frère ennemi du chef de la diplomatie allemande, et qui se fera une joie d’enfoncer encore plus son collègue pour mieux se dédouaner. Une option que Gerhard Schröder voulait empêcher à tout prix avec sa tactique de dissolution du Parlement.

La Tageszeitung, de Berlin, note avec amusement que l’enquête sur les visas abusivement accordés par les fonctionnaires du Ministre des Affaires étrangères était inhabituelle. Parce que Joschka Fischer a reconnu avoir commis des erreurs graves. Parce que pour la première fois, les séances ont été retransmises en direct. Maintenant, ce dossier pourrait aussi devenir spectaculaire : parce qu’il sonnera le glas de la coalition rouge-verte.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung revient 25 ans en arrière et fait le parallèle avec la situation d’alors. A cette époque, Kohl, Strauß, Genscher et même le président Carstens, justifiaient le recours à la dissolution du Parlement par la nécessité de lutter contre, dixit « la plus grave crise économique et financière qu’ait jamais connu la République fédérale ». La question maintenant est de savoir si Gerhard Schröder veut réutiliser le même scénario.

La Süddeutsche Zeitung enfin constate que l’argument du manque de temps avancé par le gouvernement est parfaitement fictif car il repose sur l’hypothèse de la dissolution du Parlement. Or, une telle demande n’a pas encore été déposée. Si la politique allemande part du principe que c’est chose faite, elle semble alors oublier que cette décision relève des organes constitutionnels compétents, dont fait partie entre autres la Haute Cour de Karlsruhe. Hier, les juges ont ordonné la poursuite de la présentation des preuves. Peut-être ordonnera-t-il dans six semaines la poursuite de la législature, conclut le quotidien.