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Schröder/Afrique

Marie-Ange Pioerron23 janvier 2004

Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

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La tournée du chancelier Schröder en Afrique est sans surprise l'événement qui, cette semaine, domine les commentaires. Les journaux, tout d'abord, ne manquent pas de relever qu'il s'agit de la toute première tournée officielle en un peu plus de cinq ans de gouvernement Schröder. Alors pourquoi cette visite, maintenant ? Pour Die Welt on est en train de découvrir que l'Afrique est un continent voisin de l'Europe. Et que les problèmes de l'Afrique peuvent très vite devenir les problèmes de l'Europe. Les pays choisis par Berlin pour ce périple ne l'ont pas été au hasard, souligne Die Welt. Ils représentent quelque chose comme des îlots de lumière sur le continent. En dépit de toutes leurs imperfections, le Kenya, le Ghana, l'Afrique du sud et l'Ethiopie passent pour des pays qui adhèrent aux principes démocratiques. L'Afrique n'est pas le continent oublié, mais le nouveau partenaire de l'Europe et de l'Allemagne. La Frankfurter Rundschau note que le message du discours de Gerhard Schröder au siège de l'Union africaine, à Addis Abeba, n'est en soi pas nouveau, à savoir renforcer la responsabilité de l'Afrique dans le réglement de ses problèmes. Ce qui est nouveau c'est que Schröder s'approprie ce point de vue défendu par de nombreux pionniers. L'époque des cadeaux est révolue, poursuit notre confrère. Mais il semble aussi qu'en Afrique les attentes ont changé. Le citoyen ordinaire a trop souvent vu comment des régimes corrompus font disparaitre l'aide extérieure dans leurs poches. Plutôt que de mendier une aide financière, les chefs d'Etat modernes veulent un partenariat objectif, dominé par des thèmes comme le commerce agricole équitable. La Süddeutsche Zeitung juge utile de montrer aussi à d'autres pays africains, par ce voyage à l'itinéraire bien choisi, qu'ils auront un appui s'ils respectent les règles de jeu internationales. Mais attention, souligne le journal, il ne faut pas non plus surestimer l'influence de l'Allemagne en Afrique. La République fédérale a beaucoup moins à dire que la France ou la Grande-Bretagne.

Ce voyage du chancelier inspire d'ailleurs quelques commentaires plus critiques dans la presse. L'hebdomadaire Die Zeit va même jusqu'à citer cette réflexion perfide d'un fonctionnaire du ministère des affaires étrangères : « Schröder veut seulement aller passer quelques jours au soleil » . De fait, renchérit le journal, à la différence des deux anciennes puissances coloniales que sont la France et la Grande-Bretagne, l'Allemagne n'entretient pas d'intérêts particuliers en Afrique. Seuls le Nigéria, pays fournisseur de pétrole, et l'Afrique du sud, une puissance régionale, sont des partenaires commerciaux notoires. Alors à quoi bon une politique africaine pour l'Allemagne, s'interroge le journal. Pour jouer au bon Samaritain. L'Afrique est synonyme de pauvreté. Une pauvreté qu'il faut combattre d'une manière ou d'une autre, pour contrer ses excroissances comme les armées de réfugiés ou les épidémies. Or souligne Die Zeit, dans les années 90 le budget pour l'Afrique au ministère de la coopération a diminué de 20%. Et aujourd'hui les ressources sont encore plus maigres. Des subventions sont annulées, des ambassades rayées de la carte, des instituts Goethe fermés, comme si l'Afrique allait retomber bientôt dans les ténèbres éternelles. La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle que Joschka Fischer, le ministre des affaires étrangères, a effectué au total trois visites sur le continent africain, la dernière remontant à la fin de l'année passée. Jusqu'à présent, pourtant, le gouvernement rouge-vert n'a pas manifesté d'intérêt particulier pour cette région du monde. Cela a déçu tous ceux qui, principalement chez les Verts, avaient espéré un tournant dans la politique africaine de l'Allemagne. Et le journal d'estimer qu'à l'heure actuelle l'Afrique n'a que peu d'importance pour les intérêts stratégiques et économiques de l'Allemagne.