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Schröder pour la levée de l'embargo vers la Chine

Sandrine Blanchard31 mars 2005

Malgré la crise en Pékin et Taiwan, Gerhard Schröder reste favorable à la levée de l’embargo européen sur la vente d’armes à la Chine, quitte à passer outre un éventuel désaccord du parlement. C’est ce qu’il a réaffirmé dans une interview à l’hebdomadaire DIE ZEIT. Une position d’un gouvernement fort, qui en appelle à la constitution allemande, et qui provoque quelques remous dans la presse de ce matin.

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Affiche pour la construction d'une défense nationale à Shanghai
Affiche pour la construction d'une défense nationale à ShanghaiImage : AP

Dans son interview accordée à DIE ZEIT, le chancelier rappelle que l’embargo sur les armes a été instauré en 1989, suite à la répression des manifestations de la Place Tienanmen, et non parce que Pékin se montrait menaçant en terme de politique étrangère. De plus, c’était il y a 16 ans, et le chancelier explique que depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et qu’il mise sur une libéralisation en Chine. Pour ce qui est d’un éventuel refus du parlement de voter en faveur de la levée de l’embargo, Gerhard Schröder souligne que, d’après la constitution allemande, la politique étrangère est une prérogative du gouvernement et non du parlement. Et le chancelier ne compte pas cette fois-ci laisser l’opposition parlementaire s’emparer du débat sur l’embargo pour semer la zizanie dans les rangs de la coalition gouvernementale.

Die Welt

se fait l’écho des critiques, qui pleuvent de toutes parts : chez les Verts comme chez les chrétiens-démocrates. Du côté des écologistes, on insiste sur les violations des droits de l’Homme, toujours flagrantes en Chine, et donc sur la contradiction entre la reprise des ventes d’armes à Pékin et la politique pacifiste prônée par Berlin. Du côté de l’opposition, même topo. Les chrétiens-démocrates mettent en doute la « libéralisation » politique de la Chine évoquée par le chancelier, tout en soulignant que la levée de l’embargo entraînerait Pékin dans une course à l’armement.

La Frankfurter Rundschau se demande à quoi Gerhard Schröder aspire en brisant si allègrement la porcelaine de la coalition, si, comme il le prétend, Berlin n’entend pas livrer d’armes à la Chine. La réponse est vieille comme le mandat de Gerhard Schröder, écrit le journal : en cas de crise intérieure aiguë, le chancelier se réfugie dans la politique étrangère et économique et il cherche à réconforter les entrepreneurs allemands qui n’attendent qu’une chose : le commerce avec la Chine. Un commerce qui, d’après la Frankfurter Rundschau, n’exclut pas l’exportation de savoir militaire allemand, quoiqu’en dise le chancelier. Et le journal de conclure qu’il y a fort à parier que Bruxelles ne mettra pas longtemps à briser les dernières résistances à la levée de l’embargo. Le chancelier pourra alors se gargariser d’avoir servi sa clientèle entrepreneuriale. La question sera de savoir si - et si oui, comment- la coalition rouge-verte réussira à conserver sa crédibilité.