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5 mai 2010

Un tribunal d'Augsbourg, en Bavière, a condamné mercredi le marchand d'armes Karlheinz Schreiber à une peine de huit ans de prison pour fraude fiscale.

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Le marchand d'armes Karlheinz Schreiber, juste après le verdict, mercredi.Image : AP

Voilà plus de dix ans que l'Allemagne attendait ce jugement. Arrêté en 1999 au Canada, Karlheinz Schreiber avait toujours réussi à éviter l'extradition vers son pays natal, jusqu'en août dernier, où il avait finalement regagné le territoire allemand, pour rejoindre la prison d'Augsbourg.

Les faits qui lui sont reprochés remontent à une vingtaine d'années. Schreiber aurait en effet évité de déclarer au fisc allemand les commissions touchées sur des contrats de vente d'armes. La fraude s'élèverait à 7,5 millions d'euros, sur une période comprise entre 1988 et 1993. Les avocats du marchand d'armes contestent ce chiffre.

Pendant toute la durée de ce procès, qui s'est étalé sur plus de trois mois, Karlheinz Schreiber a toujours nié sa culpabilité. Le procureur général Marcus Paintinger a dénoncé "la démesure et la cupidité" de cet homme de 76 ans qui a fait trembler le monde politique allemand à la fin des années quatre-vingt dix.

Les caisses noires de la CDU

Karlheinz Schreiber auf dem Weg nach Deutschland
Schreiber avait été extradé du Canada en août 2009.Image : picture-alliance/ dpa

Schreiber avait en effet révélé avoir fait un don d'un million d'ancien marks, soit environ 500.000 euros, au parti chrétien-démocrate en 1991. L'argent aurait servi à convaincre le gouvernement, alors dirigé par Helmut Kohl, d'accepter une vente de 36 blindés, fabriqués par le groupe allemand Thyssen, à l'Arabie Saoudite. Et ce en pleine guerre du Golfe.

Le scandale qui a suivi cette révélation était retombé sur plusieurs figures majeures de la CDU, à commencer par l'ancien chancelier Helmut Kohl, qui avait dû quitter la présidence d'honneur du parti en janvier 2000. L'année suivante, Helmut Kohl avait accepté de payer 300.000 marks d'amende pour faire classer l'affaire.

Bildgalerie Helmut Kohl Bundeskanzler Helmut Kohl verläßt Podium
Les révélations sur les caisses noires de la CDU avaient précipité la fin de carrière politique d'Helmut Kohl.Image : picture-alliance/ dpa

L'actuel ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, avait également été éclaboussé par le scandale. Après avoir vivement condamné ces mauvaises pratiques de financement, il avait avoué avoir lui-même reçu, en 1994, 100.000 marks en liquide du marchand d'armes.

C'est après ces événements que l'actuelle chancelière Angela Merkel avait pris la présidence de la CDU.

Condamné pour fraude fiscale, Karlheinz Schreiber a par ailleurs été relaxé du chef d'accusation selon lequel il aurait soudoyé l'ancien secrétaire d'État à l'Armement Ludwig-Holger Pfahls, longtemps en fuite et condamné en 2005 à deux ans et 3 mois de prison dans cette affaire.

Auteur : Sébastien Martineau

Édition : Audrey Parmentier