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Sharafat ou la crise israélo-palestinienne

Christophe LASCOMBES20 août 2004

Outre les sujets de politique intérieure comme la réforme du système de protection sociale, la presse allemande de ce vendredi se penche sur la nouvelle situation politique survenue au Proche-Orient avec les deux acteurs principaux du conflit israélo-palestinien qui, en même temps, ont été officiellement désavoués par leur camp respectif.

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Sharon-Arafat : deux figures emblématiques qui incarnent à merveille le conflit israélo-palestinien
Sharon-Arafat : deux figures emblématiques qui incarnent à merveille le conflit israélo-palestinienImage : AP

La Süddeutsche Zeitung n’hésite pas à parler du duo des perdants. Tant Arafat que Sharon n’ont pas su mobiliser leurs propres troupes et viennent de vivre un jeudi noir qui pourrait modifier la dynamique des choses. Arafat démonté par son propre parlement et Sharon essuyant un camouflet cuisant au sein de son parti. Le plus curieux dans tout cela est de constater qu’Arafat est en retard d’une guerre par rapport à son peuple et que Sharon, lui, se trouve en avance d’une étape par rapport à ses amis politiques qui continuent de croire à la chimère du Grand Israël.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, malgré tout le caractère positif que représente le retrait de la bande de Gaza, il ne faut pas se leurrer. Ce retrait n’est pas une concession aux Palestiniens ni un sacrifice pour le peuple israélien. C’est en réalité l’abandon devenu urgent d’une charge devenue trop lourde. Un abandon nécessaire aux intérêts israéliens. Mais pour faire vraiment la paix, il faudrait faire un vrai sacrifice.

En réalité, il y va de la crédibilité d’Ariel Sharon, reprend la Frankfurter Rundschau. Après ce cinglant démenti des membres de son parti, Ariel Sharon n’a plus qu’une alternative valable : de nouvelles élections. Sinon, à continuer de la sorte, son gouvernement ne tiendra pas et il sera le premier fusible sacrifié. La majorité des Israéliens est prête à des compromis sur la question de la répartition du territoire. Pour cela, il faut également réunir une coalition gouvernementale qui reflète cet état d’esprit. Là seulement on verra si Ariel Sharon est vraiment sérieux.

Die Welt prend un peu de hauteur et considère ces deux leaders comme les deux apparences d’une même entité, baptisée Sharafat par l’écrivain israélien Amos Oz. Sharon semble toujours préférer son instinct aux calculs froids de la politique. Comme du temps de la Guerre du Kippour en 1973, où bravant les ordres contraires, il brise l’avance égyptienne dans le Sinaï et offre ainsi la victoire à son pays. Arafat fait tout pour sauvegarder son propre pouvoir et ignore les appels de son peuple à plus de démocratie et de transparence. Le quotidien nuance pourtant son jugement dans sa conclusion : même si ce sont tous les deux de vieux messieurs, d’éternels rivaux et ennemis jurés, qui luttent contre les résistances au sein de leur propre camp, l’un le fait pour l’avenir de son pays, l’autre seulement pour lui-même.