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« Si l’Euro échoue c’est l’Europe qui échoue »

20 mai 2010

Après avoir tergiversé pendant des semaines, la chancelière Angela Merkel est intervenue pour sauver la zone euro. Berlin souhaite imposer à l’Europe son orthodoxie budgétaire.

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Angela Merkel a prononcé mercredi devant le Bundestag un discours très européen
Angela Merkel a prononcé mercredi devant le Bundestag un discours très européenImage : picture alliance/dpa

La chancelière Angela Merkel est donc montée en première ligne cette semaine avec désormais, semble-t-il, une vraie fibre européenne. Elle n’a pas promis « du sang et des larmes » comme Winston Churchill en 1940 mais presque : « La crise actuelle est la plus grande épreuve que l’Europe ait eu à affronter depuis des décennies, en particulier depuis le Traité de Rome en 1957. Cette épreuve est donc existentielle et je voudrais ajouter une chose : elle doit être surmontée. Car l’euro est bien plus qu’une monnaie. L’union monétaire est un destin commun. Il en va donc de notre devoir devant l’histoire. Car si l’Euro échoue alors c’est l’Europe qui échoue. »

Il s’agissait tout d’abord de défendre devant les députés allemands le plan de 750 milliards d’euros mis en place pour sauver l’euro face aux spéculateurs. Pour l’occasion, Angela Merkel a retrouvé en effet de vrais accents européens, des accents qu’elle avait un peu perdus ces dernières semaines pour une attitude plus repliée sur ses intérêts nationaux. Désormais, il faut donc sauver l’euro et faire la chasse aux spéculateurs. L’Allemagne a d’ailleurs décidé d’interdire pour un an les transactions à découvert. C’est-à-dire ces pratiques qui consistent à parier sur la hausse ou la baisse de certains emprunts d’état sans même les posséder.

Une chancelière en baisse

Berlin a décidé d'agir seul contre la spéculation financière
Berlin a décidé d'agir seul contre la spéculation financièreImage : DW-TV

Une mesure jugée toutefois peu efficace parce que la place financière allemande est modeste si on la compare à Londres ou New-York. Donc ceci ne devrait pas changer grand-chose à la situation. Comme cela n’empêchera pas non plus la Deutsche Bank par exemple, qui possède une filiale à Londres, de continuer à spéculer à la City sur ce type de produit.

Enfin, cette décision a attiré les critiques des autres pays et aussi de la Commission car elle a été prise sans concertation et c’est justement cette cacophonie des Européens qui entretient la spéculation contre l’euro. Le cours d’Angela Merkel baissant aussi vite que celui de l’euro, ces déclarations et ces mesures sont sans doute plus à usage interne puisque le rôle de la chancelière est de plus en pluscritiqué en Allemagne, jusqu’au sein même de sa majorité.

Rigueur budgétaire

Angela Merkel et son ministre des finances, Wolfgang Schaüble, veulent promouvoir leur modèle d'othodoxie
Angela Merkel et son ministre des finances, Wolfgang Schäuble, veulent promouvoir leur modèle d'othodoxieImage : AP

Pour finir, l’Allemagne veut imposer son modèle de rigueur aux autres européens. C’est ce qui transparait des réunions de l’Eurogroupe cette semaine. Berlin veut que les autres états soit aussi vertueux que lui et souhaite imposer des sanctions pour ceux qui ne réduiraient pas suffisamment leurs déficits budgétaires.

Des sanctions qui pourraient inclure le blocage des aides versées par l’Europe, le retrait des droits de votes dans les institutions européennes, voir « l’option nucléaire » : c’est-à-dire la mise en faillite d’un état ce qui reviendrait à l’exclure de la zone euro. Tout cela est encore en discussion mais le débat poursuit son cours puisque le président français, Nicolas Sarkozy, a annoncé sa volonté de réformer la Constitution, afin que celle-ci, à l’instar de l’Allemagne, oblige les gouvernements à ne plus présenter des budgets déficitaires.

Aveuglement des états européens

L'ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors
L'ancien président de la Commission européenne, Jacques DelorsImage : picture alliance/dpa

Au milieu de cette tempête, il faut se fier aux lumières d’un grand Européen, si ce n’est le plus grand : Jacques Delors, ancien ministre français des finances sous la présidence de François Mitterrand mais surtout, ancien président de la Commission européenne entre 1985 et 1995.

Celui-ci est très inquiet devant la crise actuelle de l’euro qui met à son avis en péril toute la construction européenne. Et face à cela, il met en cause l’immobilisme ou encore l’aveuglement des états européens qui n’ont rien fait depuis des années pour éviter de sombrer dans cette crise.

Une interview de Jacques Delors réalisée par Franck Hofmann.

Ceci n’est pas une blague belge

Une femme portant le niqab dans un parc de Bruxelles
Une femme portant le niqab dans un parc de BruxellesImage : AP

Les Français y pensent, certains « en rêvent », mais ce sont les Belges qui les ont coiffé sur le poteau : la Belgique est en effet le premier pays européen à interdire le voile intégral dans l'espace public, c’est-à-dire y compris dans la rue. Une loi a été votée en ce sens à la Chambre des Représentants le 29 avril dernier.

Mais sa mise en application risque de prendre du temps compte tenue de la situation politique assez chaotique du pays. La Belgique est en effet au bord de l’implosion mais ses parlementaires ont tout de même jugé prioritaire de voter une loi sur la burqa.

Un reportage à Bruxelles de Clarisse Serignat.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot