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Stratégie contre l'analphabétisme en Allemagne

Sandrine Blanchard8 septembre 2015

Le 8 septembre est la journée mondiale de l'alphabétisation. L'analphabétisme concerne 7 millions d'adultes en Allemagne. Les autorités proposent donc des cours pour apprendre à lire et écrire aux adultes sur le tard.

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Analphabetismus in MV
Image : picture-alliance/dpa

Le 8 septembre est la journée internationale de l'alphabétisation. Initiée par l'UNESCO, cette journée a pour vocation « de rappeler à la communauté internationale que l'éducation est un droit humain ». Les Nations Unies estiment que plus de 700 millions d'adultes sont analphabètes dans le monde, dont deux-tiers sont des femmes.

En Allemagne, le taux d'alphabétisation est élevé. Cependant, plus de 7 millions d'adultes ne savent pas bien lire et écrire dans le pays. C'est pourquoi le gouvernement fédéral et les régions, les Länder, ont mis sur pied il y a quelques années une « stratégie nationale pour l'alphabétisation et l'enseignement de base des adultes en Allemagne ».

Et pourtant, l'école est obligatoire

Analphabetismus in MV
Image : picture-alliance/dpa

En Allemagne, l'école est obligatoire pour tous. Les enfants doivent être scolarisés l'année de leurs 6 ans révolus, et sont tenus de suivre un enseignement scolaire durant neuf à dix ans, selon les régions. Cette obligation vaut aussi pour les enfants et les jeunes handicapés, sans distinction de sexe.

Mais en 2011, le ministère de l'Education a publié des statistiques qui montrent que plus de 14% des adultes du pays sont « analphabètes fonctionnels ». Cela signifie que, s'ils savent parfois déchiffrer ou former des lettres ou des mots isolés, ils ne sont pas pour autant en mesure de lire ou d'écrire couramment. La majeure partie des analphabètes en Allemagne sont des hommes. Et cela pose des problèmes au quotidien dans une société où de plus en plus de choses sont régies par l'écrit, les ordinateurs. Or près de 60% des adultes concernés ont un emploi. Pour beaucoup, l'analphabétisme est une honte et un boulet.

Surmonter sa honte...

Sur le site du ministère de l'Education, on peut voir une vidéo qui présente les témoignages d'Allemands qui ont appris sur le tard à lire et à écrire. Brigitte, par exemple, a appris à 45 ans. Elle raconte à quel point elle était dépendante des autres, avant : sa famille, son mari devaient l'aider à remplir des formulaires ou faire des démarches administratives. Tim-Thilo évoque ses stratagèmes, à l'école, pour cacher sa faiblesse. « J'ai fait le clown pendant des années, j'ai compensé en faisant du sport… mais à un moment la pression est devenue si forte que j'ai dû m'y mettre », dit-il. Et puis il y a aussi Jutta, qui ne pouvait pas aider son enfant à faire ses devoirs et n'osait pas à en avouer la cause aux professeurs.

Analphabetismus
Image : picture-alliance/dpa/Themendienst

... et s'ouvrir au monde

Ces adultes ont suivi des cours du soir mis en place par l'Etat en coopération avec les régions et des associations, sur le thème "Lire et écrire, ma clef pour le monde". Le ministère de l'Education a déboursé 20 millions d'euros entre 2012 et 2015 pour débusquer les analphabètes dans le monde du travail, et leur proposer une aide. Une soixantaine de projets ont vu le jour. En quelques mois, à raison de quatre heures par semaines, des analphabètes peuvent rattraper leurs lacunes, dues à des raisons sociales, ou familiales. Dans la vidéo du ministère, Ernst, qui a appris à lire et à écrire à 55 ans, se félicite qu'il ne soit jamais trop tard pour apprendre. Jutta, elle, déclare en souriant que maintenant, « [son] monde est plus grand ».