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Sud-Soudan - un référendum, et après?

14 janvier 2011

Cette semaine encore, le référendum d'autodétermination au Sud-Soudan domine l'actualité africaine dans les journaux.

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Devant un bureau de vote à JubaImage : picture alliance/dpa

Le Tagesspiegel de Berlin parle d'une chance unique pour le Soudan. Il est rare, écrit le journal, qu'une génération ait la chance de clore un chapitre du passé et d'ouvrir un nouveau chapitre dans l'histoire de son peuple. Après cinquante années de guerres civiles c'est une chance qui est offerte aux Sud-Soudanais. Concernant maintenant le décompte des voix le journal appelle toutes les parties à résister à la tentation d'anticiper le résultat. Pour que les résultats soient crédibles, la commission référendaire doit échapper à toute pression ou ingérence. En aucun cas souligne le journal l'une des deux parties ne doit utiliser des influences extérieures pour en retirer un avantage dans l'attente des résultats définitifs. Un référendum réussi sera une raison de faire la fête, mais une paix durable au Soudan exigera plus qu'un référendum crédible.

Sudan Referendum
Drapeau du Sud-SoudanImage : picture alliance/dpa

La Berliner Zeitung emmène ses lecteurs à Rumbek, une ville située au milieu du Sud-Soudan. En 2005, au moment de la signature de l'accord de paix, elle comptait 3 000 habitants. Elle en a aujourd'hui plus de 300 000, dont des milliers de travailleurs migrants venus de pays voisins. Les gens à Rumbek, écrit le journal, sont heureux que le Sud se détache enfin du Nord. Mais bien des questions sont encore en suspens, comme le tracé définitif de la frontière entre le Nord et le Sud. Raison pour laquelle les autorités sudistes font tout, actuellement, pour éviter les troubles. Les policiers font dans la fermeté. Ils arborent fièrement de nouveaux uniformes, offerts par le gouvernement chinois.

Sudanesen auf dem Weg in den Süden
Des Sud-Soudanais quittent Khartoum pour le Sud.Image : picture alliance/dpa

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, c'est l'un des Etats les plus pauvres au monde qui va prochainement voir le jour. Un Etat qui avec 600 000 km2 est plus grand que la France et est assis sur de gigantesques réserves pétrolières, mais qui ne dispose d'aucune infrastructure. Un Etat qui manque de main d'oeuvre qualifiée, et dans lequel les rivalités ethniques ont sans doute fait au fil des ans plus de morts que la guerre avec le Nord. Le même journal nous apprend dans un autre article que son envoyé spécial au Sud-Soudan, Thomas Scheen, a éte roué de coups, à Juba, par deux policiers. Le chef de la police du Sud-Soudan a entre-temps présenté ses excuses et promis que les deux agresseurs seraient punis. Enfin toujours à propos du Soudan, la Tageszeitung se fait l'écho des affrontements armés qui ont eu lieu le week-end dernier près de la ville d'Abyei, à la lisière donc entre le Nord et le Sud-Soudan. Ces affrontements ont opposé des Misseriya à des Dinkas, Les Misseriya, explique le journal, sont un peuple nomade du nord qui plusieurs fois par an migre vers les points d'eau du Sud-Soudan avec leurs troupeaux de vaches. Ils franchissent donc une frontière, toujours pas délimitée, entre le nord et le sud. Leur future nationalité n'est pas réglée. Raison pour laquelle, entre autres, le réferendum n'a pas eu lieu à Abyei.

Demonstration gegen tunesischen Präsidenten
Image : picture alliance / dpa

Le gant de velours de la répression

La Tunisie fait aussi couler beaucoup d'encre dans la presse allemande. Les manifestations contre un régime cajolé par l'Europe continuent, écrit dans son édition de mardi le quotidien Die Welt. Le dictateur tunisien est aux abois. L'on dit , note le journal, que l'avion avec lequel le président tunisien veut faire évacuer sa famille en cas d'urgence, est déjà prêt. Les temps s'annoncent durs pour Zine al-Abidine Ben Ali, lui qui pendant 24 ans a réprimé d'une main de fer toute critique et toute opposition. En dépit d'une mobilisation policière massive, la protestation contre son régime ne peut plus être stoppée, souligne Die Welt qui relève un peu plus loin qu'en dépit des injustices sociales, de la corruption et de l'absence de démocratie en Tunisie, aucune pression internationale n'a été jusqu'à présent exercée sur le régime Ben Ali, au contraire. Entre 2007 et 2010, l'Union européenne a injecté 300 millions d'euros en Tunisie au titre de l'aide financière.

Pressefreiheit Tunesien
Omniprésence des portraits du président Ben AliImage : DW

Pour la Süddeutsche Zeitung le modèle tunisien a vécu, et ce pas seulement depuis les derniers troubles écrasés dans le sang. Le fameux miracle économique, souligne le journal, reposait sur l'établissement d'industries sous-traitantes pour l'Europe, le tourisme bon marché et l'accord d'association avec l'Union européene. Il apparait aujourd'hui que ce modèle n'était pas la solution aux problèmes de la Tunisie mais, à long terme, une de leurs causes. Alors que la région côtière s'est développée, l'arrière pays a été négligé et de plus en plus de chômeurs ont pris le chemin des villes.

Sous le titre "le gant de velours de la répression", la Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque la réaction de l'écrivain tunisien Abdelwahab Meddeb, qui dit s'être laissé surprendre par ce soulèvement. Moi aussi, avoue-t-il, suis une victime de ce "silence universel" qui ne comptait plus sur la force de résistance de ce peuple. Les insurgés en Tunisie, note le journal, sont en majorité des jeunes bien éduqués - l'indice selon Abdelwahab Meddeb que le système scolaire au moins a fonctionné dans le pays. Mais, poursuit notre confrère, même les défenseurs de cette interprétation politique concèdent que le mouvement n'a aucun programme clair, aucun plan d'action ni, pour l'instant, aucun leader. Sur le terrain politique et intellectuel, le régime Ben Ali a créé un tel vide que le mouvement déclenché en Tunisie a une assise peu solide, hormis quelques courageux défenseurs des droits de l'homme et des artistes à l'engagement spontané. Il doit d'abord créer l'espace politique.

Neue Gewalt in Elfenbeinküste
Patrouille de l'ONUCI à AbidjanImage : picture-alliance/dpa

Enfin un article du Handelsblatt porte un regard très pessimiste sur l'Afrique. Avec l'élection ratée en Côte d'Ivoire, écrit par exemple le journal, le lent rapprochement de l'Afrique vers la démocratie a subi un nouveau revers - même si pour la première fois le continent veut agir en bloc contre un perdant qui n'accepte pas son sort. L'occasion de le faire a été ratée au Zimbabwe et au Kenya. Les crises continuent de couver dans ces deux pays. La mollesse de l'Afrique envers ses dictateurs en a encouragé d'autres, comme Gbagbo, à mépriser le vote démocratique.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum