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Suzan Jusufi, femme de ménage

1 juin 2010

Suzan Jusufi a 40 ans. Elle travaille comme femme de ménage pour la municipalité de Düsseldorf : 20 heures par semaine pour 500 euros par mois. Sa famille dépend de l’aide sociale. Malgré tout, elle aime son job.

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Suzan Jusufi

Titulaire d’une formation spécialisée en agent de nettoyage, Suzan Jusufi travaille pour la municipalité de Düsseldorf. Sa journée de travail commence en fin d’après-midi, lorsque de nombreux employés de la ville se préparent à quitter leur travail. Mais ses matinées ne sont pas libres : envoyer les enfants à l’école, faire les courses, la cuisine, ranger la maison... « Heureusement que mes enfants sont toujours prêts à m’aider, lorsqu’ils rentrent de l’école. Ils m’aident beaucoup à la maison », raconte Suzan.

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Chaque bureau est consciensieusement rangé...Image : DW

Suzan Jusufi est arrivée en Allemagne à l’âge de deux ans, en provenance de Macédoine. Ses parents étaient des « travailleurs immigrés » comme on dit, parmi les premiers qui sont arrivés d’Europe en Allemagne. « Je ne me rappelle plus de ce qui s’est passé avant l’Allemagne. Pour moi, la Macédoine est un pays de vacances, parce qu’autrefois, mes parents y allaient souvent en vacances », raconte-t-elle.

Faire le ménage, un métier de rêve ?

Suzan Jusufi se prépare à sa journée de travail et raconte, les yeux brillants, à quel point elle aime son job. « Pour beaucoup, le ménage comme activité professionnelle à temps plein est quelque chose d’impensable. Je vois ça autrement. Ce travail me fait plaisir », raconte-t-elle avant d’ajouter : « Bien que je travaille le plus souvent toute seule, j’ai toujours l’occasion de discuter un peu avec des gens sympathiques dans les bureaux ».

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Les poubelles sont vidées...Image : DW

Dans le bâtiment administratif des services municipaux de Düsseldorf, Susan Jusufi prépare soigneusement son chariot dans le local prévu à cet effet : sacs poubelle, produits de nettoyage, chiffons. « La préparation est essentielle. Cela me permet d’économiser beaucoup de temps plus tard et de ne pas être obligé de courir sans arrêt à l’entrepôt pour aller chercher ce dont je pourrais avoir besoin », explique-t-elle.

Elle commence par aller de bureau en bureau pour récupérer le papier à recycler. Partout, on l’accueille gentiment car Suzan Jusufi connaît tout le monde ici. Son sourire et sa bonne humeur sont contagieux. Elle est responsable de quatre étages et ce, selon un plan bien précis : « Je ne passe pas l’aspirateur chaque jour dans tous les bureaux. Les jours de nettoyage de chaque pièce sont définis en détail ».

Aide de l’état

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Et les toilettes nettoyées...Image : DW

Son mari étant au chômage, elle est la seule à gagner de l’argent. Mais les quelque 500 euros que Suzan Jusufi gagne chaque mois ne suffisent pas à nourrir sa famille. Elle est donc tributaire de l’aide sociale. Mais les ressources sont à peine suffisantes, même en faisant très attention aux dépenses. « J’aimerais bien travailler plus, cela ne me gênerait pas de faire le ménage huit heures par jour. Ce n’est pas vraiment fatigant », affirme-t-elle. Le grand rêve de Suzan Jusufi : un travail à temps complet.

La cohésion familiale

Sa famille est son plus grand soutien. Et les rituels ont une place bien définie dans le quotidien : chaque soir, tout le monde se retrouve autour de la table et chacun raconte sa journée. Ensuite, c’est la prière commune. Les Jusufi sont musulmans pratiquants et aimeraient davantage de tolérance entre les adeptes des différentes religions. « Chacun devrait plus s’ouvrir aux autres et essayer d’en apprendre un peu plus sur les autres religions. Ainsi, les gens pourraient mieux se comprendre et s’accepter mutuellement. »

Avec fierté, elle vit chaque jour cet engagement. Nombre de ses amis à Düsseldorf proviennent de différentes cultures. Pour Suzan Jusufi, c’est un enrichissement personnel.

Auteur : Belma Fazlagic
Traduction : Christophe Lascombes
Edition : Anne Le Touzé