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Téhéran empoche la médaille et l'argent

Jean-Michel Bos, Elisabeth Cadot27 novembre 2009

L'Iran aurait confisqué la médaille du prix Nobel de la Paix décerné en 2003 à l'avocate Shirin Ebadi. Téhéran a aussi gelé un compte bancaire où se trouve la somme versée à l'occasion de l'attribution du Nobel

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Shirin Ebadi, invitée dans les locaux de la Deutsche Welle en juillet dernier
Shirin Ebadi, invitée dans les locaux de la Deutsche Welle en juillet dernierImage : DW

Selon le chef de la diplomatie norvégienne, c'est la première fois qu'un Prix Nobel est confisqué par les autorités d'un pays. C'est la première fois aussi qu'un lauréat du Nobel de la Paix est aussi mal traité par son pays, « Même des opposants politiques comme le Russe Andreï Sakharov et le Polonais Lech Walesa ont été mieux traités que cela dans leurs pays » : c'est ce qu'a affirmé Geir Lundestad, le secrétaire du comité Nobel, en évoquant donc deux lauréats emblématiques, distingués respectivement en 1975 et 1983.

Qui plus est, le gouvernement iranien ne s'est pas contenté de prendre la médaille, il a aussi bloqué le compte en banque où se trouvait l'argent du Prix. Et il réclame un impôt de 400 000 dollars sur la somme de un million trois cent mille dollars perçus en 2003 par Shirin Ebadi.

Evasion fiscale

Il semble donc que Téhéran veuille inciter Shirin Ebadi à ne plus rentrer en Iran. Selon ses proches, l'avocate souhaiterait revenir dans son pays, un pays qu'elle a quitté depuis cinq mois. Mais cette affaire d'impôt pourrait lui interdire, une fois qu'elle sera rentrée, de ressortir ensuite d'Iran au prétexte d'évasion fiscale.

Téhéran semble donc très agacé par Shirin Ebadi qui ne cesse de critiquer le régime depuis la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Celle-ci s'est faite la porte-parole de tous les opposants politiques au régime. « Les droits de l'homme sont supérieurs aux lois nationales et aux constitutions. Aucun gouvernement n'a le droit de faire voter des lois qui réduisent ou portent atteinte aux droits de l'homme. Et ce qui se passe en Iran est également une atteinte aux lois iraniennes », déclarait ainsi Shirin Ebadi au mois de juin, durant les manifestations qui ont secoué l'Iran. Ces manifestations se sont soldés par l’arrestation de 4000 personnes et la mort très probablement de 72 opposants. C’est pour toutes ces personnes que Shirin Ebadi poursuit son combat.