1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Togo: l'opposition va-t-elle faire plier le pouvoir ?

13 septembre 2017

Les députés doivent examiner, à partir de vendredi, le projet de réforme constitutionnelle soumis par le gouvernement. L’opposition, qui exige ces réformes, peut-elle maintenir longtemps la pression sur le gouvernement ?

https://p.dw.com/p/2juog
Faure Gnassingbe, Präsident Togo
Image : AFP/Getty Images/I. Sanogo

Togo: l'oppositioon va t-elle faire plier le pouvoir? - MP3-Stereo

C’est la manifestation du 18 août dernier, initiée par le PNP, le Parti national panafricain, qui a mobilisé la contestation de l’opposition Togolaise. Face à la série de manifestations qui ont suivi, à l’appel de 14 partis politiques la semaine dernière, le pouvoir avait tenté de jouer l’apaisement en soumettant un avant-projet de loi de réforme constitutionnelle, qui concerne le nombre des mandats présidentiels et le mode de scrutin. L’opposition parviendra-t-elle aussi à faire adopter la clause de la limitation du mandat et le scrutin à deux tours ? "La difficulté, c'est  que le peuple togolais n'est pas comme le peuple voisin du Bénin ou les gens sont téméraires, non pas dans la violence, mais dans le fonctionnement des institutions", estime Serge Prince Agbodjan, juriste et analyste politique. "On peut supposer cette fois-ci que quelque chose va changer dans la mesure où le gouvernement était obligé de prendre des décisions en conseil des ministres pour revenir sur ce qu'ils ont déjà fait. Mais ce n'est pas suffisant. Puisque le gouvernement peut reprendre la main encore", explique-t-il.

Jean-Pierre Fabre, le chef de file de l'opposition togolaise, exige les réformes constitutionnelles.
Jean-Pierre Fabre, le chef de file de l'opposition togolaise, exige les réformes constitutionnelles.Image : Daniel Hayduk/AFP/Getty Images

Alliance contre-nature?

Depuis la forte mobilisation de ces derniers jours, l’opposition togolaise affiche une unité retrouvée autour d’un idéal commun : obtenir les réformes constitutionnelles qu’elle exige depuis une dizaine d’années. Même si l’opposition unie dans un même combat maintient la pression sur un gouvernement, le professeur de droit à l’Université de Lomé, Hounaké Kossivi, pense qu’il s’agit toutefois d’une alliance contre-nature :

"Ce sont des unions de circonstance. Elles ne sont pas sérieuses. Ce sont des opportunités qui se sont offertes à certaines personnes pour se joindre au PNP. Donc, lorsque la situation va évoluer, ils vont encore commencer par se quereller entre eux. Des querelles de leadership", estime-t-il. "Moi, j'aurais préféré une lutte d'un seul parti politique pour qu'on sache vraiment ce vaut ce parti. Ils ont leurs intérêts. Ils savent ce qu'ils poursuivent. Moi, je ne suis pas sûr que ces gens là sont là pour leurs intérêts."

La Constitution togolaise de 1992 a été modifiée à plusieurs reprises, notamment par le défunt-président, Gnassingbé Eyadéma, le père de l’actuel chef de l’Etat. Il avait notamment, en 2002, supprimé la limitation de mandats présidentiels.

Le satisfecit de l'opposition

Des manifestants exigeant le départ du président  Faure Essozimna Gnassingbé  le 6 septembre 2017 à Lomé, la capitale.
Des manifestants exigeant le départ du président Faure Essozimna Gnassingbé le 6 septembre 2017 à Lomé, la capitale.Image : Getty Images/AFP/P. U. Ekpei

L'opposition togolaise se réjoui du succès de à son appel à une journée ville morte, lancé ce vendredi. La raison ? Le Cap 2015 et le Parti national panafricain (PNP) avaient demandé aux Togolais de rendre hommage aux victimes des manifestations du week-end dernier. Ces manifestations ont fait deux morts à Sokodé, à 300 kms au nord de Lomé. Soixante-six personnes ont aussi été arrêtées, selon le ministre de la Justice, Pius Agbetomey.

"Nous sommes très satisfaits, car l'appel à la journée de recueillement et de prières est très largement suivi à Lomé et dans certaines villes du pays", a déclaré à l'AFP Eric Dupuy, responsable à la communication de Cap 2015, une Plate-forme qui regroupe cinq partis d'opposition. "Le peuple togolais a en marre et il a bien compris notre message", a-t-il ajouté. Pourtant, la veille de cette journée, le gouvernement avait enjoint la population de vaquer normalement à ses occupations. "Il y avait une fluidité dans la circulation et un ralentissement de l'activité commerciale ce vendredi, situation liée à la stratégie de terreur, d'intimidation et de menaces des organisateurs de cette journée Togo mort. Certains commerçants n'ont pas ouvert, parce qu'ils ont peur des actes de vandalisme", a dénoncé Gilbert Bawara, ministre de la fonction publique, du travail et de la réforme administrative. "Mais aucune perturbation ou absence remarquable n'a été enregistrée dans l'administration et les services publics", a-t-il ajouté.

     

 

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona