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Tour de passe-passe budgétaire à Berlin

Anne Le Touzé / kvk22 octobre 2009

Les journaux commentent le projet de budget annexe de la future coalition: pour honorer leurs promesses, Angela Merkel et les libéraux veulent créer un fonds spécial, malgré l'engagement de réduire les déficits.

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Angela Merkel (CDU), Guido Westerwelle (FDP) et Horst Seehofer (CSU) sur le chemin des négociationsImage : picture-alliance/ dpa

"Le monde veut être trompé", commente la Süddeutsche Zeitung, en référence au vieil adage romain. Cet adage, la toute nouvelle coalition l'utilise à ses fins. Les conservateurs et les libéraux sont sur le point d'employer la même combine qui a pourtant provoqué la crise financière. Les banques ont eu recours à des structures fantômes pour que leurs placements à risque n'apparaissent pas dans leurs bilans. La coalition jaune-noire veut en faire autant : tout le monde savait pendant la campagne électorale que les promesses de baisses d'impôts n'étaient pas réalisables financièrement. Et pourtant, elles vont être honorées grâce à cette astuce qui permet tout bonnement de contourner la limitation du déficit tout juste inscrite dans la Loi fondamentale.

"Budget fantôme", "tour de passe-passe", "escroquerie"... L'émoi est grand, mais il n'est pas justifié, estime au contraire la Rheinische Post de Düsseldorf. Le nouveau gouvernement commence en effet là où l'ancien s'est arrêté : au beau milieu de la crise. Chaque jour, des milliers de personnes perdent leur emploi, les caisses publiques se vident en raison de la baisse des recettes fiscales et de la hausse des dépenses sociales. Tout gouvernement a pour objectif de maintenir chaque emploi. Pour y arriver, il faut à la fois éviter de rendre le facteur travail encore plus cher et parallèlement, essayer de garantir le fonctionnement de l'Agence fédérale pour l'emploi et du système d'assurance maladie, à l'aide d'un fonds spécial. Pour cela, il faut avoir recours au crédit. C'est déplorable, mais on n'a pas le choix, estime le journal. Il n'est pas possible de faire des économies, d'autant plus que les ménages et les entreprises attendent avec impatience les effets bénéfiques des baisse d'impôts sur la croissance.

Symbolbild Bundestag will Pflegereform beschließen
Le vieillissement démographique exige une réforme du système d'assurance... mais à quel prix ?Image : picture-alliance/ dpa

Die Welt commente pour sa part les projets de la coalition sur une réforme de l'assurance dépendance. Les quasi-partenaires de coalition sont sur la bonne voie, juge le quotidien. Face au vieillissement de la population, ils veulent remplacer le système d'assurance par un système de capitalisation. Concrètement, cela signifie que chacun devra mettre de côté une partie de son argent pour ses vieux jours. Les jeunes sont les premiers bénéficiaires de cette réforme puisqu'ils vont pouvoir épargner plus longtemps. Pour les personnes plus âgées, il faut bien avouer que cela risque de coûter cher. Pour que cette réforme soit acceptée, conclut Die Welt, la nouvelle coalition va devoir éviter de renforcer les inégalités sociales.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung aussi, les futurs partenaires vont dans le bon sens. Cela fait des années que les économistes réclament une réforme du système. Mais tous les gouvernements ont fait la politique de l'autruche, en espérant que la contribution des jeunes salariés suffirait d'une manière ou d'une autre à alimenter le fonds de l'assurance dépendance. Maintenant que les caisses sont presque vides, la réforme est devenue urgente. Et, ajoute la FAZ, elle revient de droit aux conservateurs et aux libéraux qui avaient, en 1995, imposé ce système contre tout bon sens.