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Tournant pour le SPD: démission de Matthias Platzeck

Aude Gensbittel11 avril 2006

A la une de tous les journaux allemands aujourd’hui : la démission du président du SPD, Matthias Platzeck. Egalement premier ministre du Land de Brandebourg, le dirigeant originaire de l’Allemagne de l’Est a annoncé hier qu’il abandonnait pour raisons de santé ses fonctions à la tête du parti social-démocrate. Kurt Beck, qui vient d’être réélu à la tête du Land de Rhénanie-Palatinat – à l’ouest du pays – prend sa succession. Du moins jusqu’à une décision définitive lors du congrès du SPD le mois prochain. Dans la presse allemande, on sent une certaine inquiétude quant à l’avenir du parti social-démocrate.

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Kurt Beck et Matthias Platzeck
Kurt Beck et Matthias PlatzeckImage : AP

A cause de ses problèmes de santé, Matthias Platzeck n’a pas eu d’autre choix que d’abandonner la présidence du SPD après seulement 146 jours, écrit la Frankfurter Rundschau. A un moment où on ne savait même pas encore vraiment quelle direction il allait lui donner, mais où il était très clair que l’avenir du parti dépendrait de lui. Il n’aurait quasiment rien pu arriver de pire au SPD. Car Platzeck incarnait une stabilité à long terme, il représentait un challenger pour Angela Merkel, voire même dans les espoirs des sociaux-démocrates, un successeur.

Matthias Platzeck n’y peut rien si sa présidence a été la plus courte de l’histoire du SPD, estime la Süddeutsche Zeitung. Depuis 1991, le SPD a eu sept présidents différents. Ces changements à répétitions sont symptomatiques d’un parti qui a perdu son équilibre intérieur. Il est amer pour Matthias Platzeck, simplement pour raisons de santé, de venir s’ajouter à la liste et de représenter un nouvel échec, après tous ceux qui ont tenté mais n’ont pas réussi à marcher dans les pas de August Bebel et de Willy Brandt. Matthias Platzeck, lui, n’a même pas essayé. Il voulait être un tout autre président du SPD. C’était l’homme venu de l’extérieur, originaire de la RDA : celui qui voulait tracer un nouveau chemin pour le parti.

Pour die Welt, avec la nomination inévitable de Kurt Beck, le SPD fait de nécessité vertu. Le nouveau président semble quant à lui répondre à l’appel du devoir, comme s’il était redevable de quelque chose envers son parti. En bref, on ne peut pas parler de charisme et d’enthousiasme. Il est impossible de dire où Matthias Platzeck aurait mené le SPD du 21ème siècle, mais beaucoup lui faisaient confiance. C’est ce qui faisait sa force et cela montre bien l’ampleur du vide qu’il laisse derrière lui.

Enfin pour la Berliner Zeitung, Kurt Beck sera lui aussi capable de s’imposer au sein du SPD face à des décisions difficiles, ne serait-ce que parce que le parti sait qu’il ne peut plus se permettre de nouveau changement de président. Et pourtant, derrière cette façade, le déclin du SPD risque de continuer. Les tentatives de donner un nouveau programme au parti ont échoué et il n’y a eu aucun débat sur les élections perdues, l’échec des réformes, ni sur la concurrence que représente le nouveau parti de gauche.