1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Tribulations de la CPI en Libye

11 juin 2012

Depuis jeudi dernier, quatre membres du personnel de la Cour pénale internationale sont détenus à Zenten, à 170 km au sud-ouest de Tripoli. Les autorités libyennes les accusent d'espionnage.

https://p.dw.com/p/15C1Q
Les locaux de la Cour pénale internationale
Image : picture-alliance/dpa

La mission de la CPI s'était rendue sur place pour rencontrer le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam, et préparer sa défense, afin de lui garantir un procès en bonne et due forme à La Haye, aux Pays-Bas. Si l'on en croit le représentant de la Libye à la CPI, Ahmed Jehani, seuls deux membres de l'équipe, Melinda Taylor, avocate australienne de la Cour pénale internationale (CPI), et son interprète libanaise Helen Assaf ont été arrêtées à Zenten. Les deux autres, un Russe et un Espagnol, seraient restés avec elles de leur propre gré.

Quoiqu'il en soit, lundi, le Premier ministre australien a appelé les autorités libyennes à libérer rapidement l'avocate australienne de la CPI. Quant à l'ambassadeur d'Australie en Libye, il demande des comptes à Tripoli. Entre-temps, une délégation de la CPI est arrivée dans la capitale libyenne pour négocier la libération de l'équipe.

D'anciens rebelles derrière ces arrestations

Saïf al-Islam Kadhafi fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité
Saïf al-Islam Kadhafi fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanitéImage : AP/Zintan Media Center

Ce sont d'anciens combattants rebelles qui ont arrêté les représentants de la CPI. Leur milice est celle qui, en novembre 2011, avait arrêté le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam et qui le détient depuis, dans la ville de Zenten. Ces ex- rebelles ne veulent remettre Saïf al-Islam qu'au CNT, le Conseil national de transition, à Tripoli. Et le CNT veut à tout prix que Saïf al-Islam soit jugé en Libye, et non pas devant la CPI.

Le 1er mai dernier, le CNT avait d'ailleurs déposé une requête contestant la compétence de la CPI pour poursuivre le fils Kadhafi. Les deux femmes de la CPI sont accusées "d'espionnage" et de "communication avec l'ennemi". L'avocate australienne a été arrêtée parce qu'elle aurait échangé des documents avec l'accusé. Son interprète libanaise est considérée comme "complice".

Une libération difficile à obtenir

Le président du CNT, Moustafa Abdel Jalil, veut que Saïf al-Islam soit jugé en Libye
Le président du CNT, Moustafa Abdel Jalil, veut que Saïf al-Islam soit jugé en LibyeImage : picture-alliance/dpa

Le Conseil national de transition n'a qu'une autorité limitée vis-à-vis des différentes milices libyennes qui ont participé à la chute de Kadhafi. Et Zenten n'est pas Tripoli, les milices locales y sont puissantes. Toutefois, selon des informations recueillies par le ministre australien des Affaires étrangères, Melinda Taylor et les trois autres ne seraient pas détenus « par la milice ou les combattants de la liberté, mais par la police judiciaire et serait donc sous la responsabilité du procureur général de Libye ».

Ils auraient été placés dimanche en détention préventive pour 45 jours. Le chef de la brigade qui détient ces quatre personnes a indiqué qu'elles avaient été transférées vers une prison sur ordre du procureur général. Le porte-parole des autorités libyennes a déclaré dimanche soir à la DPA, l'Agence de presse allemande, que « la Libye tient à entretenir de bonnes relations avec la Cour pénale internationale et avec la communauté internationale en général, mais pas aux dépens des intérêts supérieurs de la Libye ». Affaire à suivre donc.

Auteur : Philippe Pognan (avec AFP, DPA)
Édition : Sandrine Blanchard