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Twitter, outil de communication pour l'opposition égyptienne

Mahmoud Tawfik / Anne Le Touzé2 juin 2009

A son apparition, Twitter a été une petite révolution dans le monde de la communication numérique. En Egypte, il s'est avéré un véritable outil de communication pour l'opposition politique.

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Aujourd'hui, plus personne ne s'étonne de savoir que quelques clics de souris suffisent pour diffuser une information en un rien de temps à des milliers de personnes. A son apparition, le service Twitter a pourtant été une petite révolution dans le monde de la communication numérique. Créé à l'origine pour échanger les derniers potins du web entre accrocs à l'écran, la plateforme de communication s'est vite fait sa place parmi les blogs, les réseaux Facebook et autres MySpace. Et dans des pays où la liberté d'opinion relève davantage de la théorie, comme en Egypte, Twitter s'est avéré un véritable outil de communication pour l'opposition politique.

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Twitter, une plateforme de communication bien utile pour l'opposition égyptienneImage : twitter

"Arrested – arrêté" : le message envoyé par James Buck au service Twitter ce 10 avril 2007 est court et explicite. En quelques secondes, des centaines de personnes apprennent l'arrestation du journaliste américain en Egypte. Des militants égyptiens alertent les autorités américaines et moins de 24 heures plus tard, un autre message apparaît : "Free – libre".

"C'est comme ça quand on manifeste en Egypte. Tout à coup, la situation dégénère, la police arrive et commence à arrêter des gens."

Sandmonkey – c'est un nom d'emprunt – en connaît un rayon sur le cyber-activisme en Egypte. Son blog est réputé pour être l'une des principales sources d'informations alternatives. L'Egypte se souviendra d'ailleurs longtemps de ce mois d'avril 2007. Le 6, des groupes d'opposants appellent à la grève générale, en solidarité avec des employés du textile en grève dans la ville de Mahalla. Le résultat étonne même les organisateurs : partout dans le pays, des manifestations ont lieu. A Mahalla, de violents affrontements entre la police et des manifestants font trois morts et des centaines de blessés. L'un des rares journalistes à pouvoir se rendre sur place est James Buck. Son message lapidaire fait désormais partie des morceaux d'anthologie de l'opposition égyptienne, aux côtés de cet autre exemple rapporté par le cyberdissident Amr Gharbeia :

Ägypten Streik
Manifestation des employés du textile à Mahalla, en avril 2007Image : picture-alliance/ dpa

"C'était, je crois, en mars 2007. Lors d'une manifestation au Caire, le militant Malek Mustafa a été embarqué par une voiture de police. Grâce à Twitter, différents groupes de militants ont pu suivre l'itinéraire de la voiture. Parallèlement, j'ai mis en ligne depuis chez moi un résumé de tous leurs messages sur le site du mouvement d'opposition Kifaya. Et c'est comme ça qu'on a finalement pu encercler la voiture et obliger les policiers à relâcher Malek."

En Allemagne aussi, les manifestants qui se font arrêter utilisent Twitter pour que leurs collègues s'occupent de les faire libérer. Mais en Egypte, cette pratique a une toute autre dimension : sans aide extérieure, les manifestants sont livrés à l'appareil sécuritaire et à ses brimades qui peuvent aller jusqu'à la torture. Outre cet aspect de diffusion, Twitter sert par ailleurs à informer en direct et en temps réel. Ce qui apparaît sur Internet ressemble aux bandeaux d'informations qui défilent à la télévision. Enfin, Twitter, c'est une véritable communauté. Ses adeptes ont pris l'habitude de s'exprimer en moins de 140 signes, le maximum autorisé pour chaque message. Un vrai défi littéraire.