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Uhuru Kenyatta investi président du Kenya

Philipp Sandner et Sandrine Blanchard9 avril 2013

Uhuru Kenyatta est le nouveau président du Kenya, mais aussi un homme qui doit répondre de crimes contre l’humanité devant la Cour pénale internationale. Sa prestation de serment met les occidentaux dans l’embarras.

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Uhuru Kenyatta après sa victoire électoraleImage : REUTERS

La Cour suprême du Kenya a confirmé l’élection d’Uhuru Kenyatta comme 4e président du pays, le 30 mars dernier. Sa prestation de serment, sur la même Bible que son prédécesseur de père en 1964, est donc dans l’ordre constitutionnel des choses.

À un détail près : l’inculpation d’Uhuru Kenyatta par la Cour pénale internationale (CPI), pour sa responsabilité présumée dans les violences postélectorales de 2007-2008 au Kenya. La CPI ne prévoit pas d’impunité, même pour un chef d’État en exercice. Uhuru Kenyatta a toutefois assuré qu’il coopèrerait avec la Cour.

Des invités de marque

Kenia Vereidigung neuer Präsident Uhuru Kenyatta Nairobi
La cérémonie d'investiture comprenait aussi un défilé militaireImage : picture-alliance/dpa

Ses déboires judiciaires n’ont pas empêché une douzaine de ses homologues africains de venir assister à la cérémonie dans le stade de Kasarani, ce mardi 10 avril. Parmi les invités qui ont fait le déplacement : côté francophone, le Gabonais Ali Bongo et le Congolais (de RDC) Joseph Kabila. L’Union européenne et les États-Unis n’ont dépêché que des ambassadeurs et ont déjà prévenu qu’ils réduiraient leurs contacts avec le nouveau régime kényan à "l’essentiel".

Régionalisation et réforme agraire au programme

Par ailleurs, les attentes de la population et la tâche dévolue au nouveau chef de l’État kényan sont grandes. Parmi les promesses du candidat Kenyatta : des réformes politiques de fond. La nouvelle Constitution prévoit notamment un renforcement des régions. Peter Oesterdiekhoff, de la Fondation allemande Friedrich-Ebert au Kenya :

« La décentralisation a toujours été une priorité des Kényans dans le cadre de la réforme constitutionnelle. Il y va moins du rôle du Parlement ou de la répartition des pouvoirs que de la possibilité accordée à la population de participer au débat public quand il est question de leur région et d’obtenir des moyens pour investir au niveau régional. »

Une commission spéciale est chargée de réglementer la propriété foncière et l’utilisation des terres, sources de conflits dans le pays. Or, la famille Kenyatta fait partie des plus riches propriétaires du pays. Y a-t-il un hiatus entre son statut et la réforme agraire prévue ? Réponse, diplomatique, du président de la commission, Mohammed Swazuri :

« Il y a problème s’ils contreviennent aux lois en vigueur. S’ils font fructifier leurs richesses dans le respect de la loi, je ne vois pas de conflit. »

C’est là que, de l’avis de Peter Oesterdiekhoff, de la Fondation allemande Friedrich-Ebert, la procédure en cours à l’encontre d’Uhuru Kenyatta peut se révéler utile : le monde entier suivra sa politique avec la plus grande attention.