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Un chrétien à Kaboul

Yann Durand23 mars 2006

Abdul Rahman, afghan de 41 ans qui a vécu plusieurs années en Allemagne où il s’est converti au christianisme, est emprisonné à Kaboul depuis deux semaines. En vertu de la loi islamique, il encourt la peine de mort pour apostasie. Son cas a provoqué une vague de protestations dans le monde occidental. La presse allemande s’en fait l’écho aujourd’hui.

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Abdul Rahman
Abdul RahmanImage : AP

L’Allemagne a soutenu la reconstruction en Afghanistan et ses alliés ne peuvent accepter une telle atteinte à la liberté de religion. Ainsi cite la Frankfurter Rundschau Gerhard Robbers. Le juriste ecclésiastique estime que la peine de mort dans ce cas, nuirait considérablement à l’image de l’Islam. Et d’éclairer en outre que la nouvelle constitution afghane reconnaît certes la convention des droits de l’homme, garantissant de fait le changement de religion. Mais de l’autre coté le pays se réclame de l’Islam sacré et sa justice de la Charia.

Un paradoxe que relève également la Frankfurter Allgemeine Zeitung et qu’elle illustre à l’aide du texte constitutionnel : tandis que l’article 3 prévoit qu’aucune loi ne peut aller à l’encontre de la croyance et des préceptes de l’Islam, l’article 7 préconise le respect de la déclaration universelle des droits de l’homme. Il est vrai que l’article 2 garantit clairement la libre pratique de la foi religieuse, poursuit le journal, mais cela ne vaut que pour les membres d’autres confessions.

Ici on construit des mosquées, on pratique la liberté de la religion et on se laisse oppresser moralement à cause de pauvres caricatures de Mahomet ; là-bas on persécute des adeptes d’autres croyances et les convertis, si on ne les exécute pas, on les jette en prison, s’insurge le quotidien Die Welt. Pour lequel le gouffre entre la Modernité et le Moyen Âge saute aux yeux. En réponse aux protestations allemandes et internationales Hamid Karzai fait valoir l’indépendance de la Justice, tandis que d’autres politiciens afghans y voient une ingérence dans les affaires du pays. Pour le journal pas de doute : notre argent leur suffit.

Certes l’aide occidentale participe aussi d’un commerce bilatéral, note la Süddeutsche Zeitung, mais sa contrepartie ne saurait résulté de l’équation simpliste selon laquelle: « Celui qui paye décide ». Non affirme le quotidien, le profit de l’occident réside beaucoup plus dans la transformation d’un état terroriste menaçant, en un partenaire prévisible. C’est un processus difficile, exposé aux rechutes et confronté à des résistances qu’il doit surmonter. Comme dans le cas du chrétien Abdul Rahman.