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Un conflit ancien ravivé dans le Jonglei

Katrin Matthei et Sandrine Blanchard.16 juillet 2013

Du bétail, des luttes d’influence, des rivalités et des vengeances, autant d'ingrédients du conflit qui a repris début juillet dans l’Etat sud-soudanais de Jonglei. Mais les racines du conflit sont profondes.

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Des blessés soignés à l'hôpital de Bor, le 15 juillet 2013Image : picture-alliance/AP Photo

Des jeunes Lou Nuer venus du nord de la région ont ouvert les hostilités en attaquant des Murlé, dans le sud. Les affrontements entre les deux ethnies ont déjà fait au moins 70 morts, d’après les autorités de Juba.

Un temps entre parenthèses

En fait, cela fait plus de cinquante ans que ces deux ethnies se déchirent. Les Lou Nuer sont un peuple de bergers du nord de la région. Les Murlé, trois fois moins nombreux, vivent aussi essentiellement de l’élevage, en nomades. Durant le conflit avec le Soudan, les deux ethnies enterrent non seulement la hache de guerre pour un temps, mais elles font même plusieurs fois alliance pour combattre les milices fidèles à Khartoum.

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Le bétail, au centre des rivalitésImage : Getty Images

Dès l’accession à l’indépendance du Soudan du sud en juillet 2011 cependnat, leur alliance vole en éclat et leurs vieux différends refont surface. Disputes sur les terrains pastoraux, enlèvements de femmes et d’enfants, vol de bétail, représailles, les deux ethnies rouvrent leurs hostilités dès août 2011. Avec une expérience de la guerre, désormais. Francis Deng, représentant des Nations Unies au Soudan du sud :

« C’est là l’héritage d’un conflit latent qui dure depuis longtemps, qui a traumatisé notre peuple sud-soudanais, qui s’est lourdement armé. »

Les autorités désemparées

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La population civile fuit les combatsImage : picture-alliance/dpa

En fin de semaine dernière, une reporter de l’AFP a vu d’avion plusieurs centaines de personnes armées, des cases incendiées. Or, à cause de la saison des pluies, la zone est difficile d’accès.

Le gouverneur de l’Etat de Jonglei, Kuol Manyang Juuk, reconnaît lui-même l’impuissance de l’armée, mal équipée, pour venir en aide aux populations :

« Les forces de sécurité ne peuvent même pas avancer à pied. C’est trop mouillé, elles s’embourbent. Alors les gens doivent se débrouiller par eux-mêmes pour aller au-devant des soldats. »

Crainte de l'escalade de la violence

Ce regain de tension illustre l’échec du Soudan du sud à désarmer ses citoyens qui ont pris part à la guerre avec le nord. L’ONU a beau avoir prolongé de deux années supplémentaires sa mission dans le pays, les populations civiles prises en étau entre les groupes rebelles toujours actifs et l’armée régulière n’ont souvent que la fuite pour solution. Et ces mouvements de population ajoutent encore à l’instabilité du plus jeune Etat du continent africain.