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Un géant malade

23 décembre 2011

La République démocratique du Congo continue de figurer en bonne place dans les colonnes de la presse allemande. Depuis l'élection présidentielle du 28 novembre, la situation reste tendue chez ce géant de l'Afrique.

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Etienne Tshisekedi (à gacuhe) et Joseph KabilaImage : picture alliance/dpa/DW-Fotomontage

Joseph Kabila, le président sortant, a été proclamé vainqueur par la cour suprême de justice. Et il a prêté serment. Kabila investi président, Tshikededi appelle à la violence, titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung dans son édition du 21 décembre. La cérémonie d'investiture a donné lieu à des mesures de sécurité extrêmes, après que l'opposant Tshisekedi s'est lui même proclamé président et a promis une récompense pour la "capture de Kabila". Les missions d'observation occidentales, rappelle le journal, en particulier la fondation Carter, ont qualifié l'élection de non crédible à la lumière du décompte chaotique des voix. Mais la fondation Carter a tenu à souligner que ses critiques ne remettaient pas en cause le résultat. Le journal retient aussi qu'aucun représentant de gouvernement européen n'était présent. Les Etats-Unis n'avaient dépêché eux aussi que leur ambassadeur. Et même le gouvernement sud-africain, qui s'était exprimé très tôt en termes positifs sur le déroulement du scrutin, et qui actuellement brigue le contrat de remise en état du barrage d'Inga, n'avait envoyé à Kinshasa que sa ministre des affaires étrangères.

Joseph Kabila Präsident Kongo
Police anti-émeute dans la commune pro-Tshisekedi de Matete à KinshasaImage : dapd

Une dizaine de chefs d'Etat africains, relève die Tageszeitung, avaient annoncé leur venue, mais le Zimbabwéen Robert Mugabe est le seul à avoir fait le voyage. Quant aux Kinois, ils sont restés chez eux. Joseph Kabila a prêté serment dans une ville fantôme. Dans un autre article, le même journal, fait état d'informations qu'il a obtenues auprès d'experts et de diplomates européens. Selon ces sources, la mission de l'ONU au Congo, la Monusco, était au courant, avant les élections, des mesures qui avaient éte prises pour manipuler ces élections. Mais ses experts avaient renoncé à condamner le fait que 10% des noms figurant sur les listes électorales étaient des doubles inscriptions. die tageszeitung évoque aussi, toujours en se référant à des diplomates en poste à Kinshasa, les étroites relations qui existaient entre Joseph Kabila et le gouvernement sud-coréen du temps où Ban ki-Moon, l'actuel secrétaire général de l'ONU, était ministre des affaires étrangères à Séoul. A l'époque la soeur de Kabila avait été nommée consul honoraire de Corée du sud à Kinshasa.

Cesaria Evora
Cesaria Evora en concert à Chypre, juillet 2009Image : AP

Une femme africaine

Dans un tout autre registre les journaux rendent hommage cette semaine à la chanteuse cap verdienne Cesaria Evora. Celle qu'on avait surnommée "la diva aux pieds nus" est morte le 17 décembre. Elle avait 70 ans. La diva aux pieds nus, c'est l'expression qui revient le plus souvent dans les articles, Mais ses amis, lit-on dans l'hebdomadaire Die Zeit, l'appellaient Cize. Qui entrait dans sa maison ne devait manquer de rien. Ce rapport généreux à l'argent s'explique peut-être par le fait qu'elle n'a jamais eu d'argent pendant la plus grande partie de sa carrière. Que ses chansons sonnent si tristement puise sa raison dans une expérience plus profonde, et typiquement cap-verdienne, de la contingence. Pendant des siècles l'archipel a connu des changements politiques et climatiques qui échappaient à toute influence. Les périodes de sécheresse allaient et venaient, la mer apportait avec elle des pirates, des esclavagistes et des missionnaires. La morna, le blues des îles, a prospéré sur ce terreau. Dans sa jeunesse, rappelle die Zeit, Cesaria Evora était la reine de la morna. Elle chantait pour les marins de son île natale de Mindelo. Elle se produisait dans des bars et des bordels, et si elle avait un penchant prononcé pour l'alcool, cela tenait aussi à la morna. Un jour le succès a frappé à sa porte, avec des concerts à Londres, Madrid, Berlin et Pékin. Mais souligne le journal, au-delà de la vie d'artiste à succès, qui a paralysé plus d'une fois le modeste aéroport de l'archipel - car Madame voyageait toujours avec des dizaines de valises - Cesaria Evora est restée ce qu'elle a toujours été: "une femme africaine" comme elle le disait elle-même.

Luftaufnahme vom Stadtstrand in Durban Südafrika
Une plage à DurbanImage : picture-alliance/dpa

Bain de Noël en Afrique du sud

Pour Noël, un journal allemand emmène ses lecteurs sur les rivages de l'Afrique du sud. Là-bas, du moins dans la population noire, la façon de fêter Noël tranche avec la tradition allemande de la soirée sous le sapin. A chacun ses coutumes. Chez les Xhosa, écrit la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, Noël ne se fête pas sous l'arbre, mais sur les plages de l'Afrique du sud, ou au village dans la province du Cap oriental. Chaque année des centaines de milliers de personnes se mettent en route dans des minibus surpeuplés à destination de leur région d'origine. On fait à Noël des choses qu'on ne fait jamais d'habitude, comme consulter le guérisseur de la famille, abattre une vache ou repeindre la maison des parents. Cette joyeuse folie, poursuit le journal, trouve son paroxysme le deuxième jour de Noël (le 26 décembre) lorsque des bus déversent des milliers de familles en sueur au bord des plages. Autour de Durban ce sont les Zoulous qui sont majoritaires, et non les Xhosa. Mais la frénésie de la baignade à Noël n'est pas moindre. Toutes générations confondues, on barbote dans l'eau sur des plages qui autrefois étaient réservées exclusivement aux blancs. Et ajoute le journal, pour mieux comprendre le choc que provoque cette belle anarchie, il faut savoir que le reste de l'année les plages sud-africaines sont pratiquement vides.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum