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Un "Gardien" sous pression

Anne Le Touzé21 août 2013

La presse allemande s'inquiète de tentatives d'intimidation envers le quotidien britannique "The Guardian". Celui-ci rapporte avoir été contraint par les services secrets à détruire des documents d'Edward Snowden.

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« Le Gardien a capitué », titre la Süddeutsche Zeitung
« Le Gardien a capitué », titre la Süddeutsche ZeitungImage : Oli Scarff/Getty Images

L'affaire fait du bruit, d'autant que The Guardian avait été le premier à dévoiler les secrets de l'ex-agent du renseignement américain. À cela s'ajoute la détention arbitraire de David Miranda, le compagnon d'un journaliste qui avait travaillé sur l'affaire Snowden.

Pour die tageszeitung, l'arrestation de David Miranda constitue une césure dans l'histoire de la presse. Les autorités britanniques l'ont arrêté en espérant que cela intimiderait son compagnon Glenn Greenwald. Raté, le journaliste est maintenant plus déterminé que jamais et promet de nouvelles révélations. Mais ce genre de pratiques ne risque-t-il pas d'en conduire d'autres à la prudence et à l'auto-censure, s'inquiète le quotidien ?

Le journaliste Glenn Greenwald et David Miranda, son compagnon
Le journaliste Glenn Greenwald et David Miranda, son compagnonImage : picture-alliance/dpa

C'est au nom des lois anti-terroristes que les services britanniques ont retenu David Miranda pendant neuf heures à l'aéroport d'Heathrow, ajoute Die Welt. Et si l'on en croit le Guardian, c'est également sur cette base qu'ils ont forcé le quotidien à détruire les documents d'Edward Snowden. Mais ce que les documents du lanceur d'alterte ont de commun avec les lois anti-terroristes, cela le gouvernement ne le dit pas.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung est très critique vis-à-vis du Guardian. Est-ce à cela que ressemble un journal d'investigation, un journal qui se laisse dicter par des employés du gouvernement le choix entre remettre des documents ou les détruire, et qui finit effectivement par les détruire par peur de représailles juridiques ? Selon le quotidien, le Guardian aurait dû garder son sang-froid et rendre ces pressions publiques.

Edward Snowden, le lanceur d'alerte recherché par les États-Unis pour trahison
Edward Snowden, le lanceur d'alerte recherché par les États-Unis pour trahisonImage : picture-alliance/dpa

Le "Gardien" a capitulé, commente amèrement la Süddeutsche Zeitung. Il a sauvé ses comptes au détriment de la liberté de la presse. Même si des copies des documents ont été placées en lieu sûr, c'est un coup qui porte atteinte à la crédibilité du journal et peut-être même à la profession tout entière.

L'affaire du Guardian inspire également les caricaturistes. Sur celle de la Süddeutsche, on voit le patron du journal britannique assailli par une bande d'agents en costume-cravate et lunettes noires, obligé de passer au broyeur les documents d'Edward Snowden. Les bandelettes de papier atterrissent dans une corbeille où figure "liberté de la presse".

Sur la caricature de la taz, des visiteurs d'un camp de concentration nazi demandent au gardien si c'est bien ici que l'on peut voir "un exemple d'arbitraire de l'État" ? Réponse du gardien : "Non, pour cela il faut aller à Londres"...