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Un référendum à risques

Christophe LASCOMBES15 juillet 2004

Parmi les thèmes qui occupent la presse allemande en ce jeudi, la décision annoncée par Jacques Chirac de la tenue d’un référendum pendant le deuxième semestre de 2005 pour décider de la Constitution européenne attire les commentateurs...

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C'est à l'occasion de la traditionnelle allocation du 14 juillet que le président français a annoncé le référendum sur la Constitution européenne
C'est à l'occasion de la traditionnelle allocation du 14 juillet que le président français a annoncé le référendum sur la Constitution européenneImage : AP

Pour Die Welt, cette décision est frappée au coin du bon sens. Après tout, c’est bien une Constitution qui détermine la vie politique quotidienne dans l’Hexagone. Paris se range ainsi dans le camp des pays qui accordent à leur population un droit de décision. Au contraire de l’Allemagne, où tous les grands partis populaires détournent les yeux, comme avec gêne, critique le journal. Comme avant, l’Allemagne comprend l’Union européenne comme un projet réservé à l’élite, un projet auquel la populace des électeurs ne comprend décidément rien et à la constitution duquel elle ne doit pas être conviée. Pourtant, la consultation populaire permettrait de présenter au peuple ce projet de manière souveraine et d’éveiller en lui ce patriotisme européen qui lui fait actuellement défaut.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung cite le président français : « Je fais confiance aux Français » avant de souligner que les électeurs sont parfaitement conscients de la responsabilité qui leur incombe pour l’avenir de leurs enfants et petits-enfants. D’autre part, ce référendum est également un test excellent pour savoir si la classe politique abandonne enfin sa « culture de la confrontation » et s’avère capable de travailler dans un contexte de dialogue.

Pour la Frankfurter Rundschau, un référendum ? Rien de révolutionnaire là-dedans pour un pays aussi constitutionnel que la France. C’est par contre un acte courageux pour un président dont le gouvernement se trouve en pleine panade, justement à cause de ce changement radical qu’il veut imposer à sa population. En doulce France, les citoyens s’en trouvent tout autant désorientés que les citoyens allemands le sont face aux réformes drastiques du système de santé à la Schröder. Pour Jacques Chirac, le risque existe que la réponse des Français vise plus Raffarin que la Constitution européenne.

Même analyse pour la Süddeutsche Zeitung. Chirac accorde certes ce que de nombreux hommes politiques de toutes sensibilités politiques réclament depuis longtemps. Mais le risque est grand aussi pour l’Europe. Le « oui » n’est pas gagné d’avance, rappelle le journal. A gauche, de nombreux socialistes considèrent l’Europe comme un Cheval de Troie destiné uniquement à imposer tout un train de réformes néolibérales dans l’Hexagone. Si ce référendum échouait, l’Europe n’a plus qu’à jeter sa Constitution aux orties. Un « Non », en français dans le texte, de ce pays, pèserait beaucoup plus lourd que celui de toute autre nation, conclut le journal.