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Un Rwandais condamné en Allemagne

Marie-Ange Pioerron21 février 2014

L'Afrique dans la presse allemande passe d'abord par Francfort. Un procès historique, qui intéresse directement l'Afrique, vient de se tenir dans cette ville allemande: le procès du Rwandais Onesphore Rwabukombe.

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Onesphore Rwabukombe le jour du verdict
Onesphore Rwabukombe le jour du verdictImage : imago/epd

Si la plupart des journaux sont restés discrets sur le déroulement de ce procès ouvert en janvier 2011, ils sont nombreux en revanche à se faire l'écho du verdict rendu le 18 février à Francfort. Après trois ans et 120 audiences, note la Berliner Zeitung, le tribunal a condamné l'accusé à 14 ans de prison pour complicité de génocide. Le président du tribunal Thomas Sagebiel, a laissé entendre qu'il était trop compliqué d'apporter la preuve d'une participation directe au génocide. La Süddeutsche Zeitung relève une remarque, assez inhabituelle, faite par le même président du tribunal, à savoir que la tenue du procès a été extrêmement compliquée. Pendant trois ans un commissaire principal de la police judiciaire allemande a séjourné en permanence au Rwanda. La procédure a coûté plusieurs centaines de milliers d'euros - ce qu'un professeur de droit pénal cité dans l'article, Kai Ambos, interprète comme une façon de signifier qu'il vaudrait mieux à l'avenir ne plus organiser ce genre de procès en Allemagne.

Au début de son procès, avec une de ses avocates
Au début de son procès, avec une de ses avocatesImage : dapd

Tous les journaux expliquent que si un tel procès a pu avoir lieu précisément en Allemagne, c'est en vertu d'une loi de 2002 qui a adapté le code pénal allemand au droit pénal international. Rwabukombe, note de son côté die tageszeitung, a été condamné seulement pour "complicité" et sera sans doute libéré, pour bonne conduite, dans six ans. Cela suscitera des discussions mais il ne faut pas perdre de vue le plus important: ce procès montre que les auteurs de crimes abominables ne peuvent espérer échapper en Allemagne à des poursuites pénales. Il montre aussi que les difficultés rencontrées dans l'administration des preuves et l'audition des témoins ne peuvent être une raison de ne pas conduire le procès jusqu'à son terme.

La Bundeswehr au Mali: formation de soldats maliens à la détection d'explosifs sur des véhicules
La Bundeswehr au Mali: formation de soldats maliens à la détection d'explosifs sur des véhiculesImage : picture-alliance/dpa

La Bundeswehr en Afrique

Il est un sujet qui depuis quelque temps revient régulièrement dans la presse allemande - ce sont les interventions, ou projets d'intervention - de la Bundeswehr l'armée allemande, en Afrique .Le 16ème conseil des ministres franco-allemand qui vient de se tenir à Paris fournit une nouvelle occasion d'aborder ce sujet. "Brigade franco-allemande au Mali" titre le Tagesspiegel de Berlin. Les deux gouvernements ont confirmé le renforcement de sa présence en Afrique. Certains éléments de cette brigade sont déjà opérationnels au Mali dans le cadre de la mission européenne de formation de l'armée malienne. Et le journal explique que la brigade en question a été mise sur pied en 1987 et qu'elle compte actuellement 6 000 soldats allemands et français. La Frankfurter Allgemeine Zeitung pose la question suivante: après sa décennie afghane, la Bundeswehr est-elle à la veille d'une décennie africaine? Un coup d'oeil sur la carte de l'Afrique pourrait le faire croire. Les missions allemandes, actuelles et prévues, forment une bande qui s'étire du Sénégal à l'ouest, jusqu'à la Somalie et Djibouti à l'est en passant par le Mali, la République Centrafricaine, le Soudan et le Soudan du sud. Mais la première impression est trompeuse, souligne le journal: dans la plupart des cas l'Allemagne n'est présente qu'avec une poignée d'officiers. L'Allemagne reste prudente, car conclut le journal: la capacité d'intervention de la Bundeswehr se décide moins sur les terrains d'exercice qu'aux comptoirs des cafés allemands.

Un transport de troupes brûlé par Boko Haram à Damaturu, octobre 2013
Un transport de troupes brûlé par Boko Haram à Damaturu, octobre 2013Image : picture-alliance/AP

Guerre civile au Nigéria

Au Nigéria les violences ne connaissent pas de répit. Malgré l'état d'urgence dans le nord du pays et le déploiement d'importantes forces de sécurité les attaques attribuées à la secte Boko Haram se sont multipliées ces derniers jours. C'est un sujet pour la presse allemande. Comme le note die tageszeitung, le conflit entre islamistes armés et militaires au Nigéria dure depuis si longtemps qu'il ne suscite guère d'intérêt sur la scène internationale. Quand des rebelles islamistes prennent le contrôle de territoires au Mali la France envoie une force d'intervention et fait la guerre. Au Nigéria les islamistes de Boko Haram peuvent tuer des civils par milliers sans qu'on s'en émeuve. C'est dangereux, poursuit le journal. Cela fait longtemps que la guerre civile au Nigeria a pris une ampleur que le pays n'avait plus connue depuis la sécession du Biafra il y a 45 ans. Et le journal se demande si le regain d'attaques menées par Boko Haram n'est pas à rapprocher du massacre de la minorité musulmane en Centrafrique. N'assiste-on pas au Nigéria à une volonté de venger les "épurations ethniques" en Centrafrique.

Dans un tel contexte le travail accompli par les deux Nigérians dont il est question dans un article de l'hebdomadaire Der Spiegel n'en est que plus courageux. Wuye est chrétien, Ashafa musulman. Tous deux vivent à Kaduna dans le nord du pays. Le premier commandait une milice chrétienne, le second une milice musulmane. Aujourd'hui l'un est pasteur, l'autre imam. Ensemble ils ont créé en 1995 le Centre de médiation inter-confessionnelle. Ils mettent sur pied des systèmes d'alerte dans des régions en crise, organisent des séminaires pour politiciens locaux et leaders religieux. Comme conseillers, arbitres et pompiers, souligne le journal, ils sont sollicités non seulement au Nigéria mais dans le monde entier, de la Somalie à la Palestine, chez les Indiens du Brésil, les aborigènes d'Australie et les musulmans de Bosnie.

Après un attentat à Kano, juillet 2013
Après un attentat à Kano, juillet 2013Image : AMINU ABUBAKAR/AFP/Getty Images

Israël et les migrants

Les migrants africains en Israël sont principalement Soudanais et Erythréens. Leur expulsion a débuté. La presse s'en fait l'écho. On peut lire dans la Berliner Zeitung qu'Israël a commencé à expulser des réfugiés soudanais vers l'Ouganda, prétendument sur une base volontaire. Aucun accord officiel pourtant n'a été conclu avec l'Ouganda. Comme incitation Israël propose à chaque réfugié une aide au retour de 3 500 dollars. Les plus nombreux à accepter cette offre, note le journal, seraient des Africains emprisonnés à Saharonim, une prison pour migrants clandestins en Israël.