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Un scrutin en point d'interrogation au Mali

Marie-Ange Pioerron26 juillet 2013

Cette fin juillet est ponctuée d'élections en Afrique. La presse allemande s'en fait l'écho. Tout d'abord avec le Mali, où les électeurs sont appellés aux urnes, le 28 juillet, pour élire un nouveau président.

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Distribution de cartes d'électeurs à Senou, au MaliImage : Reuters

Ce scrutin est vu d'un œil plutôt pessimiste par les journaux allemands. La Berliner Zeitung évoque les incidents des derniers jours dans le nord du Mali, à savoir l'enlèvement de quatre agents électoraux et de l'adjoint au maire de Tessalit. Des incidents qui, selon le journal, semblent confirmer la crainte que l'élection arrive trop tôt et risque d'avoir des conséquences catastrophiques.

Mais les occidentaux, note le journal, plaident pour la tenue rapide de cette élection afin de mettre un terme au problème de légitimité du gouvernement de transition.

L'élection du 28 juillet, estime également die tageszeitung, s'annonce sous de mauvais auspices. Il y a eu de violents affrontements à Kidal, qui ont fait quatre morts. Plus personne ne croit à une élection libre et transparente.

Un lanceur d'alerte au Zimbabwe

Picture Teaser Wahl Simbabwe 2013
Affiches électorales au ZimbabweImage : Reuters

Au Zimbabwe ce sont des élections générales qui auront lieu le 31 juillet. Mais ce qui retient surtout l'attention de la presse c'est le scrutin présidentiel. À 89 ans, Robert Mugabe brigue un nouveau mandat. Cette fois -ci, lit-on dans l'hebdomadaire Die Zeit, il ne peut pas être vraiment sûr de sa victoire. La résistance grandit chez les partisans de Mugabe.

Mais surtout, un lanceur d'alerte défraie la chronique depuis quelques mois en dévoilant sur Facebook des scandales gouvernementaux. Sous le nom d'emprunt de "Baba Jukwa" , celui qui se présente comme un père de famille inquiet, et se dit membre de la ZANU PF, le parti de Mugabe, a rassemblé en quelques mois 25.000 followers. Il les approvisionne régulièrement en revélations sur les arcanes de la ZANU PF.

Par exemple, poursuit le journal : selon Baba Jukwa, le parti au pouvoir, dont les amis sont devenus rares chez les voisins africains, a acheté le soutien de la présidente malawite Joyce Banda à la campagne électorale du parti, en échange d'une participation dans une mine de diamants. Robert Mugabe en personne a promis une récompense de 300.000 dollars à qui lui livrera la véritable identité de ce Baba Jukwa.

RDC: un nouveau venu dans le chaos ambiant

Kongo Frauen
Femmes déplacées dans l'est du Congo, novembre 2012Image : Phil Moore/AFP/Getty Images

« La guerre au cœur des ténèbres. » C'est le genre de titre que la presse allemande affectionne pour parler de l'Afrique. Il était cette semaine en page 2 de la Süddeutsche Zeitung, au dessus d'un article consacré à la République démocratique du Congo. De nouveau, des centaines de meurtres et des viols systématiques : la situation au Congo devient de plus en plus désespérée, écrit le journal, qui relate les récents affrontements entre forces gouvernementales et rebelles du M23 dans les environs de Goma.

Dans ce chaos ambiant, note le journal, un nouvel acteur a subitement fait son apparition : les ADF ou Forces alliées démocratiques, une rébellion ougandaise qui dans les années 90 a commis des attentats à la bombe en Ouganda, mais qui ces dernières années ne faisait plus parler d'elle.

Entre-temps, selon les Nations unies, elle a noué des contacts avec les milices islamistes shebab de Somalie qui lui fournissent aussi des armes. Sans doute à titre de représailles pour la présence de soldats ougandais dans la force africaine qui combat les islamistes en Somalie.

Die tageszeitung relève que selon une équipe internationale de scientifiques, la forêt du bassin du Congo a diminué en superficie de 2.000 km2 par an depuis 2000. C'est beaucoup, mais c'est moins que pendant les années 90. La raison : le cuivre et le cobalt rapportent plus que le bois et l'agriculture.

"Big Mama" contre Kenyatta

Fatou Bensouda aus Mali ICC Den Haag
Fatou BensoudaImage : AFP/Getty Images

L'hebdomadaire Der Spiegel a choisi ce titre accrocheur à propos du Kenya : « Big Mama et les assassins de masse. » La "Big mama" en question, c'est Mme Fatou Bensouda, la procureur en chef de la Cour pénale internationale. La "procureur du monde", écrit le journal, notre conscience suprême à tous, en quelque sorte.

Fatou Bensouda et son équipe, poursuit le Spiegel, ont osé inculper le président kényan Uhuru Kenyatta. Mais le contraste est grand entre l'intention et la réalité. Pour l'instant, ce sont les avocats de Kenyatta qui triomphent. À la mi-juin, ils ont réussi pour la deuxième fois à faire reporter le début du procès.

Partout en Afrique, mais aussi chez les occidentaux, le doute grandit quant à la tenue effective de ce procès. Or, souligne le journal, beaucoup de choses sont en jeu. Si le procès contre Kenyatta échoue, la Cour pénale internationale perdra le peu d'autorité qui lui reste encore et ne sera plus qu'un instrument aussi coûteux qu'inutile.

Lutte de pouvoir à Juba

Südsudan Kabinett
Séance au parlement sud-soudanaisImage : Getty Images/AFP

Rien ne va plus au Soudan du Sud. Dans le plus jeune État d'Afrique, et du monde, le président Salva Kirr a limogé tout le gouvernement, de même que le vice-président. La lutte de pouvoir se durcit , estime die tageszeitung qui écrit que les anciens chefs de la guerilla sud-soudanaise se considérent toujours en guerre contre le pays dont ils se sont détachés. À leurs yeux, cela justifie qu'ils monopolisent le pouvoir et taxent tout désaccord de haute trahison.

Le président sud-soudanais Salva Kiir écarte à présent tous ses rivaux de la direction des affaires de l'État et s'ouvre ainsi la voie vers l'autocratie. Ce n'est pas de bon augure. Le Soudan du Sud a de toute urgence besoin d'une séparation entre l'État et le parti au pouvoir et d'un renforcement des institutions indépendantes. Cela ne peut se faire qu'avec une pression de l'extérieur.

Mais, déplore le journal, les partenaires internationaux ne s'intéressent pratiquement plus à ce jeune État. Quand ils se réveilleront et tempêteront contre Salva Kiir, il sera trop tard.