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Uwe Mayer, bénéficiaire de l'aide sociale

12 mai 2010

Depuis 10 ans, Uwe Mayer vend des journaux de rue à Stuttgart. Aujourd’hui, il concentre ses efforts sur la recherche d’un emploi et d’un appartement. Il aimerait aussi avoir une copine.

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Uwe Mayer

Chaque jour, Uwe Mayer monte dans le bus avec une pile de journaux sous le bras. Il s’agit de « Trott-war », un journal de rue vendu par des personnes en difficulté.

Après quelques minutes, Uwe descend du bus. C’est ici, à Bad Cannstatt, à côté de Stuttgart, qu’il vend ses journaux. Lorsque les magasins de la rue commerçante ouvrent leurs portes, Uwe enfile sa veste, met les journaux sur son bras et commence la vente. Avec une phrase qu’il répètera 100 fois dans la journée : « Le journal de rue Trott-war, le journal de rue Trott-war ! »

Uwe Mayer achète les journaux 85 centimes l’unité et les revend le double. Avec un peu de chance, les pourboires et les dons augmentent son gain quotidien. La journée de travail s’arrête en début de soirée ; c’est alors l’heure de casser la tirelire.

Pauvre mais pas déconnecté

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Uwe Mayer sait bien qu’il ne peut rien s’offrir dans les magasins de la principale rue commerçante de Stuttgart.Image : Sean Sinico

«Je m’achète le nécessaire. Le reste, c’est du luxe, »

explique Uwe. Et s’il reste de l’argent, il n’ira pas sur un compte épargne. En effet, Uwe se paye deux téléphones portables et une connexion à Internet. « Je vérifie toujours qu’il me reste de l’argent, et que je peux me le permettre. »

Avec approximativement 1000 euros de dettes, d’aucuns diraient qu’il ne peut pas se le permettre. Pourtant, Uwe reste d’un optimisme rayonnant. Et il se concentre sur deux choses : trouver un nouvel emploi et un nouvel appartement.

En vendant des journaux, Uwe gagne environ 100 euros par mois. Il reçoit là-dessus 356 euros d’aide sociale. Les services sociaux lui payent aussi une chambre meublée dans un foyer. Lui voudrait déménager : « Je vis dans un espace confiné », déplore-t-il. Sa chambre fait 11m². « J’aimerais avoir quelque chose de plus grand, entre 30 et 45m². J’aimerais aussi avoir un travail qui me rapporterait entre 7,50 euros et 8 euros de l’heure. Le mieux serait de travailler dans un magasin. »

Un optimiste increvable

Uwe sait bien qu’il est difficile de trouver un travail en ces temps de morosité économique. Mais c’est en quelque sorte un increvable. « Je suis souvent tombé très bas, mais je me suis toujours relevé », raconte-t-il. Il vend des journaux depuis 15 ans, avec des périodes d’interruption. L’homme qui aujourd’hui ressemble à un doux rêveur, a dans le passé touché le fond : il a erré cinq ans dans les rues de Munich, Hambourg et d’autres villes européennes, avant de passer trois ans et demi derrière les barreaux. Vol de voiture, délit lié à la drogue et outrage à personnes détentrices de l’autorité publique – il avait menacé un agent de police en lui mettant une lame de 40 centimètres sous la gorge. « Il y a dix ans, j’étais très impulsif, dit-il. Quand quelqu’un venait m’emmerder, il s’en prenait plein la gueule. Mais à un moment ou à un autre, on finit par se fatiguer, et l’on devient plus calme. »

Uwe Mayer était alcoolique. Il a commencé à boire quand la vie est devenue trop difficile. Aujourd’hui, il s’en est sorti, il rêve même de relation amoureuse : il a fait la connaissance d’une femme sur Internet. Il devrait la rencontrer prochainement.

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« Salut chérie, mon ordinateur est cassé, je t’écris demain, bisou. » Pour l’instant, Uwe Mayer ne peut pas faire plus qu’écrire un SMS.Image : Sean Sinico

Fiancée virtuelle et football

«Nous ne nous connaissons que sur Internet pour l’instant, mais elle est déjà géniale »,

dit Uwe. Pour l’instant, il n’a que des contacts virtuels avec cette femme. Même si sur le réseau Facebook, ils se sont déjà officiellement fiancés, Uwe ne lui pas parlé de sa situation. Par précaution, dit-il. « On va voir comment ça se passera quand elle viendra. »

Si cette relation en ligne ne débouche sur rien, Uwe retournera à sa passion pour le football. Il supporte l’équipe du Borussia Dortmund, et tape lui-même volontiers dans le ballon. Lors du tournoi de foot des vendeurs de journaux de rue, il a été l’auteur d’un triplé. Il rêve déjà de devenir entraineur.

Saines rêveries ou délires singuliers ? « Il y a beaucoup de gens qui ne veulent rien faire. Ils ont renoncé à vivre. Moi non. Je veux m’en sortir. Je veux me réintégrer dans la société, y prendre part normalement. »

Auteur : Sean Sinico
Traduction : Aline Ranaivoson
Edition : Anne Le Touzé