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Vente d'une centrale nucléaire à la Chine - arrêt des négociations

Yvon Arsenijevic28 avril 2004

C’est l’histoire d’une centrale au plutonium construite en 1991, qui n’a jamais fonctionné et que Berlin voulait vendre aux Chinois. Son nom : Hanau. Le constructeur, Siemens, en voulait 50 millions d’euros. Mais le deal, engagé en décembre 2003 par le chancelier Gerhard Schröder lors de sa visite à Pékin, semble ne pas fonctionner : les Chinois ont annoncé qu’ils « arrêtaient » les négociations. Le projet passe-t-il aux oubliettes ou se retrouve-t-il seulement sur la glace ? On ne sait pas. Mais peu importe. Car, et c’est ce que soulignent la plupart des journaux allemands, la nature explosive de cette affaire était ailleurs.

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Le vrai risque en tout cas n’était pas forcément là où l’on disait qu’il était, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung : à savoir permettre à la Chine de fabriquer du plutonium militaire. Pékin n’a pas attendu Berlin pour le faire. Difficile en fait pour quelqu’un de l’extérieur de saisir toute l’ampleur du problème, enchaîne le Darmstädter Echo : finalement, en Allemagne aussi, il se passe des choses plus graves que la vente (même à la Chine) d’une usine cassée en morceaux et rangée dans des caisses. Seulement voilà, en Allemagne, il y a une coalition rouge/verte au pouvoir, et pour la composante verte, foncièrement anti-nucléaire, l’exportation de la centrale Siemens aurait eu l’effet d’un « coup en plein coeur », avec, certainement, en corollaire un risque de crise gouvernementale.
La pomme de discorde, comme l’écrit de son côté la Leipziger Volkszeitung, aurait étouffé la coalition.
Une issue que ne pouvait pas souhaiter même un chancelier qui était allé un peu vite en besogne à l’époque en proposant l’usine de Hanau aux Chinois, remarque pour sa part l’Augsburger Allgemeine, pour qui le principal souci semble donc être aujourd’hui de laisser mourir l’affaire en faisant le moins de bruit possible.
Car, même si ce n’est pas officiel, rappelle de son côté la Mitteldeutsche Zeitung, à Halle, c’est aussi un secret de polichinelle : Berlin a fini par refuser la vente de l’usine. Schröder a manifestement compris après coup que son style de gouvernement à l’emporte-pièce pouvait parfois déplaire franchement aux verts les plus patients.
Et c’est Joschka Fischer, le ministre vert des affaires étrangères, qui emporte la mise, estime pour sa part la Frankfurter Rundschau : à force de faire examiner un projet lancé à la va vite, il a fini par y faire mettre un terme.
Et les Chinois dans tout cela ? Eh bien, pour les Kieler Nachrichten, ils ont sans doute été étonnés, les Chinois, de ce que la vente d’une usine en ruine puisse ébranler le gouvernement d’une nation traditionnellement exportatrice mais dans un deuxième temps, ils ont compris que leur propre renoncement au projet pouvait leur rapporter plus, plus vite. Berlin désormais est leur obligé – et cela, Pékin ne l’oubliera pas, conclut le journal de Kiel.