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Victoire au forceps pour Déby ?

Fréjus Quenum22 avril 2016

Arrestations de leaders de la société civile, invalidation de la candidature d'opposants, répression policière... Le climat qui a entouré la présidentielle au Tchad a un air de déjà-vu dans la sous-région.

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Tschad Präsident Idriss Deby
Image : Reuters/T. Negeri

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L'analyse de Alphonse Zozime Tamekamta, écrivain et enseignant-chercheur camerounais :

Lorsqu'on regarde le climat qui a précédé le premier tour de l'élection présidentielle au Tchad, on se serait attendu, peut-être, à ce que Déby soit bousculé. Malheureusement il n'en est rien. Même si on se rend compte que son score a un peu baissé par rapport à l'élection de 2011. C'est une déception parce que, malheureusement, on se serait attendu à ce qu'il y ait un début d'alternance.

DW: On voit que l'opposition se mobilise, elle montre qu'elle n'est pas prête à reconnaître ces résultats. Voyez-vous déjà se profiler à l'horizon, des manifestations, des troubles et peut-être une réaction musclée de la part du pouvoir ?

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Oui. Il y aura certainement une mobilisation locale, mais ce qui est certain c'est que Déby, ou encore l'armée tchadienne, se montrera prête à réprimer toute manifestation. C'est le cas pour le Tchad, c'est le cas pour d'autres pays, comme le Cameroun, qui convoquent de plus en plus la lutte contre Boko Haram pour museler toute tentative de mobilisation. C'est une dynamique, malheureusement, qui rend compte de l'absence ou de l'incomplète pénétration de la démocratie en Afrique centrale.

DW: Pourtant, ailleurs sur le continent, il y a un semblant de démocratie dans quelques rares pays. Mis à part ce qui se passe actuellement en Afrique centrale, est-ce que vous craignez que cet élan démocratique, qui s'observe sous d'autres cieux sur le continent, ne s'estompe?

Ce qui est certain - j'ai foi en l'avenir de l'Afrique centrale - c'est que ces dirigeants (qui sont des septuagénaires, des octogénaires pour certains), cette situation ne va pas perdurer éternellement. Et de plus en plus, en Afrique aussi, il y a une importation de modèles de revendications politiques, sur le modèle du mouvement "Y en a marre" sénégalais et du ballet citoyen burkinabè. Donc, il est fort possible que d'ici quelques années, les nouveaux acteurs politiques, qui sont en train d'émerger, puissent également mobiliser les foules pour contester durablement cette tendance à la longévité et cet affront à l'alternance.