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Vieux continent recherche Président

18 janvier 2008

Tony Blair sera-t-il le prochain président de l’Europe ? Celui-ci vient en tous cas de se présenter comme un candidat potentiel lors d'un discours à Paris, devant les militants de l'UMP.

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L'ancien Premier ministre britannique fait partie des noms cités pour la présidence de l'UE
L'ancien Premier ministre britannique fait partie des noms cités pour la présidence de l'UEImage : AP

Tony Blair a tenu le 12 janvier un discours à Paris, où il était l’invité vedette du Conseil national de l’UMP, le parti au pouvoir en France. Et celui-ci en a profité pour donner sa vision de l’Europe. Une Europe où les états devront dépasser les clivages partisans. L’ancien Premier ministre Tony Blair a en effet plaidé pour une Europe qui ne sera ni de gauche ni de droite mais une Europe qui aurait à choisir « entre le passé et l’avenir, entre la force et la faiblesse. » Ce sont ses propres termes.

Un discours a beaucoup fait rire les membres de l'UMP - il y a de la bonne humeur en ce moment au parti présidentiel. Un peu moins chez les socialistes en revanchequi, une nouvelle fois, sont en train de se déchirer sur la question du Traité européen.

Sarkozy reste semble-t-il un grand fan de Tony Blair
Sarkozy reste semble-t-il un grand fan de Tony BlairImage : picture-alliance/dpa

Alors, Tony Blair pourrait devenir le prochain président de l’Union européenne. Puisque ce poste est prévu par le nouveau Traité et devrait entrer en fonction en 2009. Et le président Nicolas Sarkozy soutient en tous cas la candidature de Tony Blair. C’est du moins ce qu’il a laissé entendre le 12 janvier.

Mais cette candidature ne fait pas l’unanimité puisque la Grande-Bretagne, il faut le rappeler, n’a toujours pas adopté l’euro. Et il s’agit d’un pays qui ne brille pas par son enthousiasme pro-européen. D’où un certain nombre de commentaires sceptiques. A commencer par celui de Andrew Duff, britannique pourtant, membre du groupe libéral au Parlement européen.

Rapport pro-lobby automobile

Il y avait une cession plénière du Parlement européen cette semaine et la première surprise est venue d’un rapport d’initiative présenté par l’eurodéputé libéral allemand Jorgo Chatzimarkakis. Ce rapport a pour but d’informer la Commission européenne sur la
Bruxelles veut que les constructeurs réduisent à 120mg/km les émissions de CO2 de leurs véhicules
Bruxelles veut que les constructeurs réduisent à 120mg/km les émissions de CO2 de leurs véhiculesImage : AP
position du Parlement en matière de réduction des émission de gaz carbonique. Et alors que la Commission souhaite que les constructeurs plafonnent les émissions de CO2 de leurs véhicules à 120mg par kilomètre à partir de 2012, le rapport de Jorgo Chatzimarkakis souhaite que cette entrée en vigueur soit repoussée à 2015. On commence donc à s’interroger sur cette vision du Parlement semble-t-il plus favorable aux industriels. Ainsi, l’euro député luxembourgeois, membre du Groupe des Verts, Claude Turmes, a évoqué un "rapport écrit par Porsche, Mercedes et BMW", trois constructeurs allemands que Claude Turmes qualifie de "criminels du climat qui font tout pour que les gens achètent des voitures qui consomment énormément et roulent très vite. Des modèles de voitures qui ne sont pas compatibles avec le changement climatique."

Un paquet énergie lourd à porter

Enfin, il y avait une actualité énergie et environnement très chargée cette semaine. Le président de la Commission, José Manuel Barroso, a refusé mercredi tout compromis sur le paquet énergétique présenté en mars dernier. Il faut rappeler que lors du Conseil du printemps 2007, les 27 s’étaient engagés à réduire de 20%, d’ici 2020, les émissions de gaz carbonique et ceci par rapport à une date référence qui est celle de 1990. A l’époque, cet objectif avait été qualifié de manière diplomatique « d’ambitieux ». Ce qui pour décrypter un peu signifiait irréalisable. Et aujourd’hui, c’est donc sans surprise qu’un certain nombre d’états membres, à commencer par la France, ont réclamé que la Commission se montre un peu plus souple dans la mise en œuvre de ses principes. Ce à quoi José Manuel Barroso a répondu par la négative : pas question de revenir donc sur cet objectif de réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre.

L'UE veut atteindre 20% d'énergies renouvelables d'ici 2020
L'UE veut atteindre 20% d'énergies renouvelables d'ici 2020Image : AP

Et ce n’est pas tout : le « paquet énergie » présenté en mars 2007 prévoyait également que les états européens fasse passer à 20% la part des énergies renouvelables dans leur consommation globale. Là encore, tous les pays ont fait savoir à la Commission leur mécontentement devant un objectif jugé trop rigide. Enfin, comme si cela ne suffisait pas, il y a un troisième objectif qui pourrait être réévalué : celui de 10% de biocarburants. Il se trouve que la Commission elle-même avoue qu’elle est allé un peu vite en besogne et qu’elle a sous-estimée l’impact environnemental et celui sur la hausse des prix. En effet, au Brésil par exemple, on rase la forêt pour planter du colza ou de la betterave. Enfin, les surfaces allouées à la fabrication de céréales, pouvant produire des biocarburants, le sont au détriment des plantations destinées à l’alimentation. D’où une possible flambée des prix de certains produits alimentaires.

Bref, le débat sur l’énergie et le réchauffement climatique, qui sera un des plus gros enjeux de l’année 2008 en Europe, se heurte déjà à de nombreuses résistances. Et ceci en raison, encore une fois, des objectifs ambitieux que l’Union européenne avait annoncé et auxquels elle devra se tenir si elle veut conserver sa crédibilité.

Napolitains au bord de la crise de nerfs

Nous partons en Italie maintenant où les images des tonnes de déchets entassées dans les rues de Naples donnent une image déplorable de ce pays. Des tas d’ordures, dans lesquelles tout se mélange : papiers, verre, plastiques, déchets organiques, et même les déchets volumineux. Le Commissaire à l’environnement Stavros Dimas a d’ailleurs dénoncé mardi la responsabilité des autorités italiennes dans la crise actuelle, soulignant qu’elle était due à 14 ans de laxisme. Dans ce contexte, et bien c’est la question du tri sélectif qui est posée. Une question souvent ignorée par les politiques parce qu’elle ne représente pas une urgence. Puisque l’urgence est d’abord bien entendu de retirer les sacs poubelles de la voie publique. En Italie on semble donc encore loin de la société du recyclage voulue pour l’Union européenne.

Les Napolitains manifestent leur colère face à une politique des déchets désastreuse
Les Napolitains manifestent leur colère face à une politique des déchets désastreuseImage : AP

La correspondance de Mathilde Auvillain à Rome.

Bruxelles met son nez dans la pharmacie

Nous terminons par une dernière information du côté de la Direction générale de la Concurrence, dont la Commissaire est Neelie Kroes. La DG Concurrence a lancé une enquête sur les pratiques concurrentielles dans le secteur pharmaceutique et elle a débuté cette enquête par une série de persquisitions au sein de plusieurs sociétés dont les plus grandes que son le français Sanofi-Aventis et le suisse Sandoz. La Commissaire Neelie Kroes veut s’attaquer au sujet délicat de la propriété intellectuelle sur un marché européen très important. « Nous dépensons environ 200 milliards d’euros chaque année pour des médicaments", a déclaré Neelie Kroes lors d'une conférence de presse. "Ce qui fait en moyenne 400 euros par personne et par an – plus de mille euros par famille – dans chacun des 27 états de l’Union européenne. »

La commissaire néerlandaise à la concurrence, Neelie Kroes
La commissaire néerlandaise à la concurrence, Neelie KroesImage : AP

Neelie Kroes a jugé que le marché pharmaceutique européen ne fonctionnait "pas correctement". Elle s’est en particulier étonnée du nombre restreint de nouvelles molécules mises sur le marché alors même que la protection des brevets n’a jamais été aussi forte.

Jean-Michel Bos