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Violences au Nigéria

22 avril 2011

Au Nigéria, Goodluck Jonathan, le président sortant, a été élu dès le premier tour de la présidentielle du 16 avril, et comme toujours au Nigéria, le scrutin a été suivi de violences.

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Emeutes à Kaduna, 19 avrilImage : picture-alliance/dpa

Des affrontement ont eu lieu entre autres à Kano, la ville la plus importante du nord musulman du pays, écrit la Süddeutsche Zeitung à côté d'une photo parue en première page de l'édition de mardi dernier. On y voit des jeunes gens, partisans du candidat malheureux Muhamadu Buhari, en train d'affronter les forces de l'ordre et des chrétiens. De la fumée s'élève à l'arrière-plan.

Wahlen Nigeria Stimmabgabe Wahllokal Frau
Jour de vote à DauraImage : AP

Jusqu'à samedi, jour de l'élection donc, tout semblait pourtant bien se passer, note die tageszeitung. Beaucoup de Nigérians avaient encore en mémoire les élections de 2007, marquées dans de nombreuses régions par des manipulations massives et des violences qui avaient fait des centaines de morts. De l'avis des observateurs, l'élection présidentielle de cette année a été largement libre et équitable. Mais poursuit le journal, depuis dimanche matin , au fur et à mesure que la victoire de Goodluck Jonathan, un chrétien du sud, s'est confirmée, des maisons, des pneus et des églises brûlent dans le nord, majoritairement musulman, du pays. Ces violences, souligne la tageszeitung, ne sont pourtant pas un combat des religions, comme cela peut sembler à première vue. Leur enjeu, c'est le pouvoir, c'est aussi un style de gouvernement que Jonathan veut moderniser, alors que dans le nord le pouvoir autoritaire traditionnel est encore habituel.

Nigeria / Goodluck Jonathan / Präsident
Goodluck JonathanImage : AP

"Bonne chance, Jonathan", ne peut s'empêcher d'écrire la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui relève, comme beaucoup de journaux, que Goodluck Jonathan est le premier président du Nigéria originaire de cette région du sud qui avec ses gisements de pétrole fonde la richesse du Nigéria, mais où la population n'en a jusqu'à présent guère profité. C'est en soi une petite sensation, souligne le journal, qui résume ainsi les immenses défis qui attendent le nouveau président: d'une part s'attaquer aux dossiers véritablement chauds, à commencer par les violences ethniques et religieuses dans le centre du pays, de l'autre ramener les attentes du sud du Nigéria à un niveau réaliste. Jonathan, écrit la Süddeutsche Zeitung dans le portrait qu'elle brosse du nouveau président, passe pour moins corrompu que la plupart des politiciens du delta du Niger. Mais le revenu qu'il déclarait en 2006 atteignait 2,4 millions de dollars, sa femme Patience a déjà été inculpée de détournement de fonds.

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Un char détruit près d'AjdabyiaImage : dapd

Des doutes croissants sur l'intervention en Libye

La Libye reste très présente dans la presse allemande. Et les journaux doutent de plus en plus du bien-fondé de l'intervention de la coalition internationale.Chaque guerre, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, a un endroit qui devient un symbole de puissance ou d'impuissance: Sarajevo, Grosny et maintenant Misrata. Les informations sur les travailleurs migrants africains morts de soif ou les enfants morts démontrent depuis sept semaines le désarroi de l'OTAN. Les rebelles se sont surestimés. Peut-être les a-t-on surestimés. Pour la première fois depuis le début de la révolution arabe, le succès d'un mouvement de libération est entre des mains étrangères. La communauté internationale décidera du destin de la Libye.

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Conférence de presse de l'armée libyenneImage : dapd

Pour die Tageszeitung, l'Allemagne a décidément eu raison de s'abstenir lors du vote de la résolution 1973 de l'ONU. Les craintes de Guido Westerwelle, le ministre des affaires étrangères, étaient justifiées: un dictateur de la trempe de Kadhafi ne se laisse pas renverser par quelques bombardements. Et souligne plus loin le journal, plus Kadhafi reprend le dessus militairement, plus les chances qu'il parte volontairement en exil ou qu'il accepte, ne serait-ce qu'un cessez-le feu, s'amenuisent . L'OTAN s'est lancée à la légère dans une guerre qui risque de devenir de plus en plus longue et de plus en plus sanglante.

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Dans une rue de OuagadougouImage : Katrin Gänsler

Contestation et grogne au Burkina Faso

Le Burkina Faso ne fait pas beaucoup parler de lui, d'habitude, dans la presse allemande. Lorsqu'on en parle c'est surtout pour évoquer le travail des nombreuses ONG étrangères présentes sur place. Cette fois-ci c'est pour une tout autre raison. C'est bien sûr à cause de l'agitation sociale, des mutineries chez les militaires, bref d'un mécontentement quasi généralisé. Le Burkina Faso, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung vit actuellement une crise économique dramatique, liée aux événements dans la Côte d'Ivoire voisine. Sans accès à la mer le pays est tributaire pour ses importations du port ivoirien d'Abidjan. Trois à quatre millions de Burkinabé vivent en Côte d'Ivoire. Compaoré passe pour le principal allié des ex-rebelles de l'entourage du président ivorien Alassane Ouattara, qui vient de s'imposer militairement contre Laurent Gbagbo. die Tageszeitung écrit que depuis son coup d'Etat militaire de 1987 contre le révolutionnaire Sankara, Blaise Compaoré a fait sa mue. Il est devenu plus ou moins démocrate et a été réélu en novembre 2010 avec 80% des voix. Mais poursuit le journal, il n'y a pas d'opposition forte au Burkina Faso, entre autres parce que le pouvoir n'a cessé d'empêcher l'émergence d'une telle opposition. C'est donc dans la rue que s'exprime la colère contre celui qui est à présent le doyen des chefs d'Etat en Afrique de l'ouest.

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Laurent Gbagbo en 2006Image : picture alliance/abaca

Laurent Gbagbo devant la CPI?

Enfin selon la Süddeutsche Zeitung Laurent Gbagbo pourrait être le prochain ex-chef d'Etat à devoir comparaitre devant la Cour pénale internationale. Des procèdures, note le journal, ont certes été engagées contre d'autres présidents déchus - le Tunisien Ben Ali et l'Egyptien Moubarak - mais leurs dossiers ont plus de chances d'être traités dans leurs pays respectifs qu'à La Haye. La quasi totalité des Etats arabes , comme d'ailleurs Israel, rejettent la CPI. Les Etats de l'Afrique subsaharienne ont une attitude différente et ont déjà livré plus d'un suspect à la CPI.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum