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Vraie ou fausse réforme démocratique en Turquie ?

Katia Bitsch1 octobre 2013

La presse allemande commente les réformes du premier ministre turc. Recep Tayyip Erdogan a décidé d'autoriser le port du voile islamique dans la fonction publique. Une décision perçue comme une atteinte à la laïcité.

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Recep Tayyip Erdogan a annoncé son train de réformes lors de la rentrée parlementaire
Recep Tayyip Erdogan a annoncé son train de réformes lors de la rentrée parlementaireImage : Reuters

La Süddeutsche Zeitung relativise l'atteinte à la laïcité que représente cette décision d'autoriser le port du voile dans la fonction publique. La République turque ne va pas périr parce que qu'une fonctionnaire des impôts, une avocate ou une députée décide de se voiler. Même les protestataires qui ont occupé le parc Gezi d'Istanbul pour dénoncer la dérive islamiste du gouvernement sont de cet avis. Le journal juge également positives certains réformes politiques, comme l'abaissement du seuil minimum des suffrages nécessaires pour entrer au Parlement, un pas en avant vers plus de démocratie. En revanche, sur le plan pénal, Erdogan a annoncé un renforcement des sanctions contre les "discours de haine", et contre "ceux qui s'opposeraient aux pratiques religieuses". Ce qui pourrait être perçu comme une nouvelle entrave à la liberté d'expression. C'est donc toujours la même danse, deux pas en avant, un pas en arrière.

Les femmes foctionnaires pourront désormais porter le voile islamique
Les femmes foctionnaires pourront désormais porter le voile islamiqueImage : Mustafa Ozer/AFP/Getty Images

La Frankfurter Allgemeine Zeitung juge également positive les réformes en faveur des minorités comme l'autorisation de l'enseignement en langue kurde dans les écoles privées. Mais ce qui est encore plus positif, c'est d'entendre Erdogan dire que ce plan de réforme ne sera pas le dernier, car il y a encore du chemin à faire, pour l'indépendance de la presse ou la séparation de l'Église et de l'État.

die tageszeitung estime que les reformes sont très en deçà des revendications des Kurdes qui réclamaient l'enseignement de leur langue dans tous les établissements et une référence explicite à leur identité dans la Constitution turque. Erdogan a perdu sa dernière chance de réconciliation avec le PKK, le parti kurde qui avait pourtant déposé les armes pour garder des forces contre un ennemi commun, Al Qaïda en Syrie.

Mais plutôt qu'une démocratisation honnête, le gouvernement turc a choisi l'islamisation, ce qui pourrait anéantir toutes les initiatives positives du PKK, déplore le journal.