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Washington veut des explications

3 mai 2011

L’administration américaine qui a conduit cette opération sans informer le Pakistan se demande comment son plus grand ennemi a pu trouver refuge à soixante kilomètres d'Islamabad.

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Le président Barack Obama dans la Situation Room où il a suivi en direct l'opération qui a conduit à la mort de Ben Laden
Le président Barack Obama dans la Situation Room où il a suivi en direct l'opération qui a conduit à la mort de Ben LadenImage : dapd

La pression risque de devenir très vite intenable pour le gouvernement pakistanais. En effet, il est impensable que l'ennemi public numéro un des Etats-Unis, le cerveau des attentats du 11 septembre, recherché depuis dix ans par tous les services secrets occidentaux, ait été retrouvé non seulement tout près d'Islamabad mais aussi en plein cœur d'un quartier militaire, un quartier résidentiel habité par les officiers de l'académie militaire pakistanaise qui est basée dans la ville d'Abbottabad. Quel culot pourrait-on dire de la part d'Ossama Ben Laden qui avait choisi de se cacher dans une dent creuse de la gueule du loup.

Evidemment, celui-ci n'aurait jamais pu entrer et s'installer dans ce quartier sans des complices très haut placés. C'est ce que n'a pas manqué d'exprimer John Brennan, le conseiller de Barrack Obama pour la lutte anti-terroriste : « Il est inconcevable que Ben Laden n'ait pas eu un soutien qui lui ait permis de résider au Pakistan pendant une période assez longue. Je ne vais pas spéculer sur le type de soutien dont il a pu bénéficier à l'intérieur du Pakistan. Nous sommes en discussion étroite en ce moment même avec le gouvernement pakistanais et encore une fois, nous nous laissons la possibilité de continuer à suivre toute piste qui nous conduirait là-bas. »

L'armée pakistanaise sécurise la villa où vivait Osama Ben Laden à Abbotabad
L'armée pakistanaise sécurise la villa où vivait Osama Ben Laden à AbbotabadImage : dapd

Un héros

En clair, ceci signifie que Washington réclame la tête du responsable, très probablement un militaire de haut-rang, qui aurait protégé Ben Laden. Mais dans un état aussi composite que le Pakistan, où les services secrets militaires, avec un million d'hommes, disposent d'un pouvoir qui échappe au contrôle de l'état, il est difficilement envisageable que le gouvernement pakistanais soit assez puissant pour donner satisfaction à Washington. D’autant que – et c'est finalement le point le plus délicat pour Islamabad – celui-ci doit composer avec une opinion publique qui à une grande majorité déteste les Américains et considère Ben Laden comme un héros.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Marie-Ange Pioerron