Week-end test pour le gouvernement libyen
15 février 2013C'est un ras-le-bol général. Les Libyens manifestent à partir de vendredi, à l'occasion du deuxième anniversaire du début de la Révolution qui a conduit à la chute de Mouammar Kadhafi. Lancés en décembre, les appels à la grève ont été relayés par les réseaux sociaux ces dernières semaines. Et avec le temps, les revendications ont évolué. Et se sont multipliées. A Benghazi, les fédéralistes demandent l'organisation d'un référendum sur la centralisation de l'Etat. A Tripoli, il est plus question du bilan politique. Salah Enqab est membre du Forum libéral pour la démocratie. Il manifeste pour dénoncer la corruption : « Nous voulons diffuser l'information sur les agissements de l'ancien gouvernement. Ca a été un désastre aux ministères de la Santé, de l'Education… Beaucoup d'argent a été dérobé. Qui est responsable de cela ? De ce gang d'Ali Baba ? »
Le Congrès national, élu en juillet, est aussi l'objet de ses critiques. Salah Enqab demande d'ailleurs la démission de Mohamed Megaryef, le président du parlement:
« Le Congrès libyen a retardé un tas de choses. Il a retardé la formation de l'armée, la mise en place d'un système policier stable, le comité chargé de la rédaction de la Constitution. »
Gargouze s'inquiète, lui aussi, pour l'avenir de son pays. Il préfère parler sous couvert d'un pseudonyme, puisqu'il évoque la question sensible de la religion.
« Parce qu'il n'y a pas de Constitution, on ne sait pas vraiment dans quel type de pays on vit en ce moment. Et il y a ces gens au GNC… Comme ce député qui a dit que dieu allait nous punir parce qu'ils siègent avec des femmes. Dire ce que les femmes peuvent faire ou doivent faire, c'est un gros problème pour moi. Cela signifie que toute la politique de notre pays tend vers l'Afghanistan ou quelque chose comme ça. »
Ce week-end est un test pour le gouvernement. Celui-ci doit éviter les débordements sans utiliser la manière forte, s'il ne veut pas dégrader un peu plus son image.