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Saïf Al-Islam indispose les habitants de Zintan

Maryline Dumas
12 avril 2017

Considéré comme le successeur de Mouammar Kadhafi, Saïf Al-Islam se trouve depuis 2011 à Zintan. Demandé par la CPI et le gouvernement libyen, il n’a jamais bougé de cette petite ville de l'ouest libyen.

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Libyen Saif al-Islam Gaddafi
Image : picture alliance/dpa/S. Elmhedwi

S’il y a un sujet qui énerve, à Zintan, c’est bien celui de Saïf Al-Islam, fils de Mouammar Kadhafi. Mokthar al-Akhdar, un des chefs révolutionnaires de la ville, ne cache pas son agacement quand on évoque celui qui était considéré comme l’héritier du dictateur.

"Tout le temps saif, saif, saif! Qu’est-ce que vous avez tous avec Saif ?", lance-t-il. 

Début mars, la polémique à enflé dans la petite ville à cause d’un reportage diffusé sur France 24. Ajmi Al-Atri, chef de la brigade qui tenait depuis 2011 Saif Al-Islam, le déclarait libre et affirmait qu’il pouvait avoir un rôle “primordial pour réunir le peuple libyen”. Il n’en fallait pas moins pour réveiller les partisans de la révolution, comme l’explique le maire de la ville, Moustapha Al-Baroni:

"Il y a eu un grand nombre de citoyens de Zintan qui n’a pas apprécié ces déclarations dans les médias. Ils ont insisté pour qu’un organe s’occupe de Saïf Al-Islam. Un comité a été créé et il l’a pris en charge. C’est tout."

 

"Une bombe à retardement"

Résultat : le conseil militaire de la ville est officiellement en charge de Saïf Al-Islam depuis mi-mars. Le quadragénaire aurait été déplacé par sécurité. Surtout, les partisans de l’ancien régime ont été prié de ne plus parler à la presse.

Libyen Gaddafi Sohn Saif al-Islam in Tripolis
En novembre 2011, une brigade révolutionnaire de Zintan l'a arrêté dans le désert alors qu'il tentait de fuir vers le NigerImage : dapd

Il faut dire que le fils du dictateur est devenu un poids, dans cette Libye si divisée, comme l’explique Mokthar al-Akhdar, membre du conseil militaire:

"Qui prendrait la responsabilité de Saïf Al-Islam? Il y a trois gouvernements maintenant! Saïf est à Zintan, il ne veut pas partir, il n’a pas d’autre lieu où aller. C’est comme une bombe à retardement, utilisée par tous les politiques et médiateur."

Effectivement, Zintan -pourtant ancien fief révolutionnaire- est régulièrement accusé d’avoir retourné sa veste. Le fait que la ville soit la seule de sa région à soutenir la Chambre des représentants de Tobrouk n’y est pas pour rien. En effet, ce parlement a voté, en juillet 2015, une loi d’amnistie envers les Kadhafistes.

Mais pour Omar Ghiet, député zintani, cette mesure ne vise pas Saïf Al-Islam:

"La chambre des représentants, quand elle a voté ce décret d’amnistie générale l’a fait en direction de tous les Libyens, pas Saïf Al-islam spécifiquement. Si les critères de la loi s’appliquent au cas de Saif, alors ce sera appliqué après une enquête."

C’est pourtant sur la base de ce texte que Saif avait été déclaré libre par son gardien Ajmi Al-Atri.