À Berlin, un mémorial pour les Roms
24 octobre 2012L'odeur du feu de bois imprègne l'atmosphère. Deux foyers brûlent en effet au bout de la rue. Les femmes y font la cuisine, les enfants jouent autour d'elles. 18 familles sinti habitent ce quartier. Pas dans des caravanes, mais dans des petites maisons installées dans le nord de la ville de Cologne. Une "colonie" fondée dans les années 1970.
Le musicien Markus Reinhart vit ici depuis cette époque. Il se souvient des débuts difficiles : « Ici il y a quatre bistrots. L'un d'entre eux avait mis une pancarte "Interdit aux gitans". Bien sûr, il a été obligé de la retirer rapidement sinon il aurait eu des ennuis, mais c'était l'atmosphère, les oppositions de l'époque. »
Aujourd'hui, les conflits se limitent à des détails du quotidien. Par exemple, le feu des Sintis qui brûle chaque jour ou leur musique. Car leur vie se déroule principalement dehors.La musique comme lien
Les Sintis parlent entre eux le romani, la langue de leurs ancêtres, originaires d'Inde. Enlevés par les Turcs et emmenés en captivité aux XIVème siècle dans toute l'Europe, ils ont enrichi leur vocabulaire des mots qu'ils rencontraient dans les pays où ils se trouvaient. Aujourd'hui, les Sintis de Cologne parlent parfaitement l'allemand. Ils utilisent d'ailleurs le mot allemand "guerre" lorsqu'ils parlent Romani. Ce mot n'existe pas dans leur langue, car ils n'ont jamais eu de nation à défendre.
Mais le vrai ciment de leur identité, c'est la musique. Markus Reinhart est le petit neveu du célèbre guitariste Django Reinhardt, considéré comme le fondateur du jazz européen. Et pour lui, la caractéristique de la musique tzigane, c'est la manière de jouer. Une tradition qui se transmet naturellement autour des feux de bois et qui inspire encore la musique contemporaine.