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Élection présidentielle en Afghanistan

Sandrine Blanchard11 octobre 2004

Le chancelier allemand Gerhard Schroeder est arrivé à Kaboul où il a rencontré le président sortant Hamid Karzaï. Au surlendemain de l'élection présidentielle, le dépouillement des bulletins de vote commencera "dans deux à quatre jours", selon un porte-parole de l'ONU. Près de 10 millions et demi d’électeurs étaient appelés aux urnes samedi dernier, pour la première élection présidentielle de l’histoire du pays. Et, chose impensable il y a encore quelques années, ces électeurs avaient le choix entre 18 candidats. Retour sur le déroulement, critiqué, du scrutin et ses issues possibles.

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Sang d'encre et critiques sur la légitimité du scrutin
Sang d'encre et critiques sur la légitimité du scrutinImage : AP

Die Welt

, comme la plupart des quotidiens allemands du jour, a choisi de publier essentiellement des photos de femmes participant à l’élection. Une véritable nouveauté, en Afghanistan, où les électeurs n’ont jamais eu le droit de choisir eux-mêmes leur président. Et le journal de rappeler qu’après l’occupation soviétique, le pays a traversé une guerre civile, déchiré par des factions rivales puis un «âge de pierre » radical. D’où la satisfaction d’autant plus grande pour die Welt, de voir le déroulement pacifique du scrutin, malgré les menaces réitérées des taliban.

La Süddeutsche Zeitung aussi se montre optimiste. Pour elle, cette élection était un premier pas vers la démocratie, et pour reprendre le titre du journal, il faut « continuer malgré tout ». Il était prévu de marquer le pouce des électeurs à l’encre indélébile, pour les empêcher de voter deux fois. Et dans certains bureaux, on s’est trompé de crayons. Le quotidien explique que la polémique suite à cette histoire d’encre est démesurée, même si elle montre que la démocratie, en Afghanistan, est toujours soluble dans l’eau. Il faut cependant enquêter, pour éclaircir cette affaire, écrit le journal, car l’enthousiasme des Afghans ne mérite pas d’être déçu de la sorte.

Un point de vue partagé par la Franfurter Rundschau, qui rappelle que la démocratie, ça s’apprend, et que le processus est long.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, les éventuelles irrégularités seront vite oubliées par la population, après la bénédiction des élections par l’ancien roi. Surtout que le pays a connu des dérapages bien plus graves que les à-peu-près des organisateurs du scrutin.

De l’encre au moulin des taliban, titre la tageszeitung de Berlin. Une grosse panne pour les Nations unies qui chapeautaient l’élection. Et une preuve de plus de la mauvaise formation des scrutateurs, de l’avis de la taz. Mais le quotidien explique que si les rivaux d’Hamid Karsai ont sauté sur l’occasion pour appeler tout de suite au boycott, c’est que la plupart d’entre eux n’avait jamais eu ne serait-ce que l’ombre d’une chance face au président de la transition. Ceci dit, ce problème d’encre, et aussi l’inscription multiple de certains électeurs posent un vrai problème, reconnaît le journal. Car ce scrutin, clef de voûte de la reconstruction, se devait d’être crédible, pour légitimer le nouvel État afghan. Or maintenant, le déroulement de ces élections faites à la va vite prête le flanc à diverses théories de machinations. D’ailleurs, il était clair dès samedi que le scrutin ne pouvait être ni interrompu ni repoussé comme le demandait l’opposition, car il faut que les résultats soient connus le 30 octobre, soit trois jours avant les élections présidentielles... américaines.