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Élections anticipées au Japon

Yvon Arsenijevic9 août 2005

Les Japonais aussi iront aux urnes plus tôt que prévu. Leur premier ministre conservateur, Junichiro Koizumi, abandonné par une faction de son propre parti, a été mis en échec hier par le Sénat sur son projet de privatisation de la Poste et a décidé de convoquer des élections législatives anticipées pour le 11 septembre. La procédure donne en Allemagne une impression de déjà vu qui ne pouvait que sauter aux yeux des éditorialistes de la presse écrite.

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Le premier ministre japonais, Junichiro Koizumi.
Le premier ministre japonais, Junichiro Koizumi.Image : AP

Harakiri synchronisé des responsables allemands et japonais – titre le commentateur de la TAGESZEITUNG, carrément subjugué par la « similitude momentanée des constellations politiques » en Allemagne et au Japon, « deux nations industrielles frappées d’immobilisme » : réforme postale côté japonais, réforme sociale côté allemand. Échec partout. Mais pas question de démission, ni à Berlin ni à Tokyo. Le premier Koizumi comme le chancelier Schröder cherchent leur salut dans de nouvelles élections : un choix peut-être suicidaire pour l’un comme pour l’autre, estime le journal de Berlin.

Sauf que, comme le nuance de son côté le FINANCIAL TIMES DEUTSCHLAND, sauf que le Japonais Koizumi n’a pas le dos au mur, en tout cas pas autant que l’Allemand Schröder. Ce sont ses adversaires au sein de son propre parti qui l’ont mis en échec. Les Japonais, eux, lui accordent toujours leur soutien, précise le journal de Hambourg.

À Munich, la SÜDDEUTSCHE ZEITUNG va même plus loin : bien sûr que le coup est risqué, écrit notre confrère, mais le premier ministre nippon n’a pas perdu d’avance pour autant. L’opposition a certes le vent en poupe, mais il lui manque un leader charismatique. Bref, puisque « Koizumi a lui-même mis le feu à la maison, il pourrait bien être aussi le pompier triomphant qui viendra l’éteindre ! »

Et si cet incendie domestique se révélait malgré tout être un « piège mortel », comme le suggère le KÖLNER STADT ANZEIGER en rappelant que les récentes élections communales ont permis à l’opposition démocrate de gagner du terrain sur un parti conservateur au pouvoir aujourd’hui menacé de division.

DIE WELT, à Berlin, enfonce le clou : fidèle à son tempérament de joueur, le premier japonais a pris le risque de faire perdre au Parti Libéral Démocrate un pouvoir qu’il détient (mises à part quelques brèves interruptions) depuis 1955, et cela au moment même où la formation conservatrice est plus profondément divisée que jamais. L’instant est « historique », estime DIE WELT.

Tout comme un échec pourrait avoir de lourdes conséquences pour le Japon, en imprimant, selon la SCHWÄBISCHE ZEITUNG, un sérieux coup de frein à la modernisation du pays engagée par l’actuel premier ministre.

Finalement, ces élections anticipées du 11 septembre peuvent tout changer au Japon – avec, pour citer notre confrère de la FRANKFURTER RUNDSCHAU, toutes les conséquences que cela peut avoir aussi dans la région et sur le plan international.