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Émission spéciale: les soignants engagés contre le Covid-19

1 mai 2020

La DW consacre son émission du 1er mai à celles et ceux qui, depuis le début de la pandémie, sont au plus près des malades: les personnels de santé à travers le monde, notamment en Afrique.

https://p.dw.com/p/3bcfv

On les applaudit depuis plusieurs semaines mais leur travail se passe loin des regards: les travailleurs du secteur médical n'ont pas arrêté depuis le début de la pandémie de Covid-19. 

Ils (et elles !) enchaînent les heures supplémentaires et travaillent d’arrache-pied, de jour comme de nuit, pour soigner, calmer, écouter, épauler, sauver et parfois guérir les malades. Dans cette émission nous nous penchons sur le quotidien, les conditions de travail de médecins, d’aides-soignants en ces temps de coronavirus, mais aussi en temps normal.

Des équipes médicales à bout de souffle

"Nous sommes parvenus à quelque chose qui n’était pas gagné d’avance : que tous ceux qui travaillent dans le secteur médical, dans les hôpitaux, les médecins, le personnel soignant, n’ont pas été débordés. Ils travaillent énormément, beaucoup travaillent dans un très grand stress, mais nous sommes arrivés à ce que notre système de santé tienne le choc."

Angela Merkel, la chancelière allemande, s’exprimait ainsi le 15 avril devant la presse pour annoncer un élargissement des restrictions liées au Covid-19.

Le personnel médical est en première ligne et doit se protéger contre le virus
Le personnel médical est en première ligne et doit se protéger contre le virusImage : Getty Images/AFP/T. Karumba

Il n’empêche que l’épidémie fait craindre à de certains endroits un dépassement des capacités, faute d’équipement, de place et de personnel en effectifs suffisants : pour le dépistage, la prise en charge des malades, notamment les plus gravement atteints, et ce jusqu’à la morgue.

D’ailleurs, au début de la pandémie, dans plusieurs pays, le personnel médical a lancé l’alarme sur les manques auxquels il était confronté. 

Début avril, le Dr. Jean Didier Seka, secrétaire général de la Plateforme des syndicats de la santé et les syndicats associés de Côte d'Ivoire, avait interpellé les autorités ivoiriennes pour les prévenir des dangers encourus par le personnel de santé et les citoyens, si les moyens nécessaires n’étaient pas débloqués rapidement. Un mois plus tard, il se montre satisfait des efforts. 

Retrouvez son interview en début et en fin d'émission.

À écouter aussi dans cette émission:

- un reportage au Kasaï oriental, en RDC, sur les conditions de travail précaires du personnel de santé

- l'image de la crise sanitaire qui a marqué Carole Assignon, animatrice du magazine Santé

- des témoignages de médecins et infirmiers de différents pays qui soulignent la peur des personnels de santé en ces temps de coronavirus

- reportage dans le seul laboratoire P3 du Mali

- une interview d'Angélique Ndoji Mbiguino, vice-recteur honoraire de l'Université des Sciences de la Santé à Libreville, au Gabon, sur la coopération renforcée entre les laboratoires de différents pays

- le témoignage d’une infirmière camerounaise, Monique Ekedi, qui raconte d’où lui vient sa vocation

L'expérience d'Ebola utile pour combattre le Covid-19

Au Liberia, l'épidémie d'Ebola a fait plus de 4800 morts entre 2014 et 2016. Les autorités ont eu l’idée de mettre à profit les connaissances accumulées dans la lutte contre cette épidémie-là, pour les utiliser contre le nouvel ennemi : le Covid-19 – dans un pays où le système de santé reste très fragile, moins de vingt ans après la fin de la guerre civile.

En plus des soignants, les personnels d'entretien sont essentiels pour assurer l'hygiène dans les hôpitaux
En plus des soignants, les personnels d'entretien sont essentiels pour assurer l'hygiène dans les hôpitauxImage : Imago-Images/Le Pictorium/S. Souici

Cinq unités de soins intensifs de l’époque Ebola ont été réactivées dès le mois de mars. Parmi les médecins "stars" de la lutte anti-Ebola au Liberia, il y avait le docteur Jerry Brown, resté dans les mémoires de ses concitoyens pour ses interventions de l’époque. 
Aujourd’hui, il transmet son expérience aux jeunes médecins, à l’hôpital militaire, à une vingtaine de kilomètres de Monrovia.

"A l’époque, nous avons fourni un effort collectif, avec différents services, différentes spécialités qui se sont réunis pour travailler ensemble, afin de vaincre le virus Ebola. Je suis sûr qu’on peut renouveler cette lutte concertée, contre le coronavirus."

Mais le médecin indique aussi que les infrastructures de santé n’ont pas été renforcées depuis la vague d’Ebola, et les personnels soignants manquent par exemple toujours de respirateurs artificiels pour les patients.

Recours à la médecine traditionnelle et sensibilisation

Pour renforcer la coopération sur le plan de la recherche, dans plusieurs Etats, des structures ont été mises en place pour faire travailler ensemble les tenants de la médecine dite moderne et les médecins traditionnels qui gardent une aura considérable.

Au Togo, un comité ad hoc a été créé, présidé par le professeur Komi Kokou.

"Cette maladie nous a montré qu’on est très vulnérable et qu’il ne suffit pas d’être chercheur dans son coin, il faut la collaboration. Et là aujourd’hui, nous avons les chercheurs conventionnels, les chercheurs traditionnels, des praticiens cliniciens, tout le monde qui veut se mettre ensemble pour trouver une solution. Ça c’est vraiment l’idéal. Et c’est ce que nous devons cultiver en matière de recherche. Je crois que le Covid-19, c’est malheureux mais en même temps, cette maladie, nous a montré la voie à suivre pour pouvoir travailler ensemble pour le bien de la communauté."

Les personnels de santé multiplient les démarches, en plus de soigner les patients, pour sensibiliser les personnes en bonne santé, aux gestes qui peuvent leur permettre de ne pas être contaminées.

Vous pourrez voir sur internet des vidéos qui circulent, par exemple celle d’un pharmacien ivoirien qui descend dans la rue avec un mégaphone pour rappeler à son concitoyen les gestes barrières et les convaincre de la nécessité de les respecter.

Le problème des visites à domicile

Tous les malades du Covid-19 ne sont pas soignés à l'hôpital
Tous les malades du Covid-19 ne sont pas soignés à l'hôpitalImage : Imago-Images/Le Pictorium/S. Souici

Le Covid-19 met donc à rude épreuve le secteur de la santé parmi lequel il ne faut pas oublier les infirmiers et infirmières à domicile. En temps normal, ces professionnels ne comptent déjà pas leurs heures. Qu’ils soient indépendants ou salariés, ils travaillent souvent seuls et à des horaires variables, les soins étant prodiguée toute l’année, puisque les maladies ne connaissent ni les week-ends ni les jours fériés, ni la différence entre jour et nuit.

Etre infirmier ou infirmière à domicile, cela veut dire aussi se déplacer fréquemment, être beaucoup en position debout, devoir soulever les patients … bref, c’est un métier qui requiert à la fois force physique et mentale, a fortiori en période de crise sanitaire. 

À écouter: portrait d'une infirmière libérale qui travaille dans un centre Covid-19 pendant ses jours de repos.

Dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne notamment, l’arrivée du Covid-19 a été marquée par des actes d’hostilité et parfois de violence vis-à-vis des soignants.

La rumeur provoque l'hostilité envers les personnels soignants

Dans le quartier de Yopougon à Abidjan, par exemple, un dispensaire a été détruit par une foule en colère : des médecins devaient y pratiquer des dépistages au coronavirus mais une rumeur avait fait croire à certains que les malades étaient censés être retenus dans ce centre de santé. 

Le milieu médical aussi a donc dû multiplier les opérations de communication, information, sensibilisation, pour convaincre leurs concitoyens de la nécessité de leur action.

Malgré les difficultés rencontrées au quotidien, beaucoup de soignants parlent de leur "passion". Et il en faut, pour faire montre d’une telle abnégation et assumer les responsabilités du métier.