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14 ans de prison pour Onesphore Rwabukombe

F. Quenum / G.I. Tounkara18 février 2014

La justice allemande a condamné un ancien maire rwandais à 14 ans de prison pour complicité dans le génocide de 1994. Onesphore Rwabukombe est le premier à être jugé en Allemagne.

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La justice allemande n'autorise pas la publication de photos nettes d'Onesphore Rwabukombe, même condamné
La justice allemande n'autorise pas la publication de photos nettes d'Onesphore Rwabukombe, même condamnéImage : imago/epd

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Âgé de 56 ans et réfugié depuis 2002 sur le sol allemand, Onesphore Rwabukombe était jugé depuis janvier 2011 par la haute cour régionale de Francfort, dans l'ouest du pays. L'ancien maire de Muvumba, dans le nord-est du Rwanda, était accusé d'avoir ordonné et coordonné un massacre commis en avril 1994, au cours duquel ont péri plusieurs centaines de Tutsi qui s'étaient réfugiés dans une église. Le massacre aurait été ordonné à des miliciens Hutus, l'ethnie au pouvoir à l'époque des faits. Des cadavres auraient ensuite été jetés au feu. Le parquet a fait témoigner des rescapés qui ont dit reconnaître l'ex-maire.

Un verdict provisoire

L'audience finale du procès, ce mardi 18 février, a duré environ 90 minutes. Onesphore Rwabukombe était présent. Il était assis, en costume gris sombre au milieu de ses deux avocates, Natalie von Wistinghausen et Kersten Woweries. C'est le président du collège des sept juges chargés du procès qui a prononcé le verdict : 14 ans de prison.

Les ossements de victimes tutsis, macabre souvenir du dernier génocide du 20ème siècle
Les ossements de victimes tutsis, macabre souvenir du dernier génocide du 20ème siècleImage : picture-alliance/dpa

Mais ce verdict n'est pas définitif. Le condamné et ses avocates ont le droit de faire appel. Réaction d'une des avocates, Natalie Wistinghausen : "Nous estimons que ce n'est pas la bonne décision, donc nous ne pouvons pas être satisfaits. Le procureur général avait requis la détention à perpétuité pour complicité de génocide, par rapport à cela c'est peut-être un meilleur verdict, mais nous le jugeons injuste."

L'avocate nous a confié que la défense attendait la notification par écrit de la sentence prononcée ce matin. C'est dès ce moment que court un délai d'un mois pour faire appel.

Un verdict trop clément ?

Les juges ont tenu compte du fait que 20 ans se sont écoulés depuis les faits. 20 ans durant lesquels Onesphore Rwabukombe n'a écopé, selon eux, d'aucune peine en relation avec les massacres du 11 avril 1994. Ensuite, il y a la difficulté de prouver que le condamné avait activement commis des massacres.

Le seul élément qui a dû jouer contre Onesphore Rwabukombe est sa présence sur les lieux au moment des massacres. Les juges ont considéré que cette seule présence en tant qu'autorité le rendait responsable des crimes commis. C'est donc au bénéfice du doute qu'il a été jugé complice et non auteur ou co-auteur de génocide.