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18 mai 1990: deux Allemagnes, une monnaie

18 mai 2010

Le 18 mai 1990, la République démocratique allemande et la République fédérale d'Allemagne signent l'accord sur l'Union économique et monétaire, premier pas vers la Réunification

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Image : AP

Berlin, 1er juillet 1990. Après la joie provoquée par la chute du Mur le 9 novembre 1989, les Allemands de l’Est saluent l’arrivée du Deutsche Mark dans leur portemonnaie.

« Je vais d’abord faire du shopping. Pour mes enfants, pour moi-même et pour mon mari »

« Moi, je vais d’abord économiser. J’ai besoin de cet argent ».

«Ma première grosse dépense, ce sera un voyage en Autriche»

« Je vais avoir un enfant, je ne peux pas dépenser mon argent ! Peut-être que je vais perdre mon boulot qui sait ? »

L'Union monétaire, la voie royale

Depuis plus de quarante ans, l’Allemagne est divisée en deux. Deux Allemagnes, deux monnaies. D’un côté le Deutsche Mark, de l’autre le Mark est-allemand. Au moment de la Réunification, l’union monétaire des deux Allemagnes s’est rapidement imposée comme la voie royale pour permettre aux Allemands de l’Est d’accéder rapidement au niveau de vie de leurs compatriotes de l’ouest. Manfred Neumann, professeur de sciences économiques à l’université de Bonn :

« A l’époque, il y a eu de grands débats pour savoir s’il fallait que les deux Allemagnes aient dès le début la même monnaie ou s’il fallait mieux attendre un peu. Il faut rappeler que les deux monnaies avaient des valeurs très différentes. Par conséquent, d’un point de vue politique, ou du moins du point de vue de l’ancien chancelier Helmut Kohl, il était clair que la Réunification devait avoir lieu et qu’il fallait montrer clairement aux citoyens de l’Est qu’ils étaient aussi importants que nous, d’où l’instauration d’un taux de change de 1 pour 1. C’était une façon de dire : nous voulons la même monnaie »

Un mark de l'Ouest = un mark de l'Est

Un Mark de l’Ouest équivaut donc à un Mark de l’Est. C’est ce que fixe cet accord sur l’Union monétaire du 18 mai, contre l’avis de la Banque fédérale allemande, la Bundesbank mais conformément aux vœux de nombreux hommes politiques de l’époque à commencer par le conservateur Lothar de Maizière, élu Premier ministre de la RDA en avril 1990.

Währungsumstellung Waigel Romberg
Le ministre des Finances de la RFA, Theo Waigel, et son homologue de la RDA, Walter Romberg.Image : picture alliance/ZB

« L’Union économique et monétaire crée des conditions essentielles pour la réalisation de l’unité allemande. (…) Nous n’avons rien précipité et nous allons continuer à avancer pas à pas. Mais il faut que ces pas soient visibles. Nous ne pouvons pas nous permettre d’éterniser le processus de l’unification. Je suis persuadé que le meilleur service à rendre à notre pays est de l’unifier non seulement correctement mais aussi rapidement »

Helmut Kohl, le chancelier de la Réunification

Idem pour le chancelier fédéral de l’époque Helmut Kohl, pressé de concrétiser la réunification et aussi de stopper l’exode massif de l’Est vers l’Ouest. En janvier 1990, 2.000 personnes en moyenne passent chaque jour l’ancienne frontière. Pour éviter que le marché de l’emploi n’explose à l’ouest, Helmut Kohl veut tout faire pour « fixer » la population à l’Est

« Personne n’ira plus mal qu’avant. En revanche, beaucoup de gens iront beaucoup mieux. L’union économique et monétaire est la seule chance, est même la garantie de voir s’améliorer rapidement et de manière conséquente les conditions de vie. Si tout le monde fait un effort, le Land de Mecklembourg-Poméranie, la Saxe Anhalt, le Brandebourg, la Saxe et la Thuringe redeviendront bientôt des paysages florissants, des régions dans lesquelles il fera bon vivre et travailler »

DDR Waehrungsunion Einhundert Deutsche Mark Geldscheine
Image : AP

Les paysages florissants de l’ex-Allemagne de l’Est. Une expression qui appartient aujourd’hui à la mémoire collective des Allemands. Mais malgré les promesses du chancelier, la réalité sera tout sauf florissante. Des millions de personnes perdent leur emploi dans les mois et les années suivant l’Union monétaire. Les faillites se succèdent. Le choc est trop fort pour les entreprises est-allemandes. Pour les consommateurs de l’Est, les produits ouest-allemands sont non seulement de meilleure qualité mais aussi plus attrayants. Avec le recul cependant, l’économiste Manfred Neumann considère que l’union monétaire a été disons un moindre mal

« On apprend de ses erreurs. Mais je pense que grosso modo l’union monétaire a mieux fonctionné que ce que l’on aurait pu croire. En tous cas, le passage à une économie de marché moderne s’est mieux passé ici qu’en Pologne, en Tchécoslovaquie ou dans d’autres économies de l’ancien bloc de l’est »

Si la situation économique actuelle des nouveaux länder, c’est-à-dire de l’ex-Allemagne de l’Est, s’est nettement améliorée, reste le grand défi social. Depuis 1990, le taux de chômage à l’est est et reste deux fois plus élevé qu’à l’ouest.

Auteurs : Konstanze von Kotze / Dieter Dedecke
Edition : Carine Debrabandère