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Accord du gouvernement sur la réforme de la santé

6 juillet 2010

L'Allemagne a ouvert la voie à une réforme de son système de santé. L'objectif : limiter le déficit des caisses publiques d'assurance-maladie, qui risque de s'élever l'année prochaine à 11 milliards d'euros.

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L'heure est aux économies pour la santé en AllemagneImage : picture alliance/dpa

C'est aussi une opération d'urgence pour la coalition au pouvoir, qui montre ces temps-ci des signes de mauvaise santé. En effet, la réforme de la santé était l'une des pommes de discorde au sein du gouvernement, entre conservateurs et libéraux. C'est donc une victoire pour Philipp Rössler, le jeune ministre libéral de la Santé, qui a réussi finalement à imposer ses vues. Mais sans doute aussi un soulagement pour Angela Merkel, la chancelière, qui montre ainsi que sa coalition n'est pas aussi moribonde qu'elle en a l'air.

Pourquoi cette réforme ?

Ärzte Gesundheit Tarife
Les détracteurs du système de santé allemand dénoncent les disparités entre clients du public et du privéImage : AP

Le système de santé allemand a la réputation d'être l'un des plus performants au monde. Des médecins et des hôpitaux bien équipés partout, même dans les endroits les plus reculés du pays. Un système non seulement accessible à tous, mais obligatoire : depuis 2007, toute personne résidant en Allemagne doit avoir une couverture santé. Et c'est seulement si on dépasse un certain niveau de revenu ou si on travaille à son compte que l'on peut choisir d'adhérer à une caisse privée et non pas publique. Le coût de ce système est élevé : les dépenses de santé augmentent de 5% par an. Et étant donné le vieillissement de la population allemande, cela ne risque pas de s'améliorer. L'objectif du gouvernement est donc d'économiser trois milliards et demi d'euros en 2011 et quatre milliards en 2012.

Les principales mesures

Le principal volet de la réforme concerne les 50 millions d'adhérents des caisses publiques d'assurance-maladie : ils verront leur cotisation mensuelle augmenter de 0,6 points à 15,5% du salaire brut. C'est en fait ce qu'ils payaient déjà avant la crise économique mondiale.Par ailleurs, le plafonnement des complémentaires santé, qui était jusqu'ici limité à 1% du salaire brut, est supprimé. Désormais, les caisses pourront prélever jusqu'à 16 euros mensuels contre des prestations complémentaires. L'idée est de relancer la concurrence entre les 160 caisses de santé que compte la République fédérale.

Pillen
Les labos devront prouver l'innovationImage : Bilderbox

L'industrie pharmaceutique va également passer à la caisse : le gouvernement a déjà décidé la semaine dernière de mettre fin au monopole des laboratoires sur le prix des médicaments. Désormais, ils devront justifier du caractère innovant de leurs nouveaux produits pour exiger un prix supérieur à celui fixé par les caisses d'assurance-maladie. Le gouvernement prévoit par ailleurs de geler le prix des médicaments jusqu'en 2013.

Des mesures critiquées de toute part

L'opposition dénonce des mesures injustes qui vont peser essentiellement sur les faibles et les moyens salaires. Les sociaux-démocrates réclament la démission du ministre de la Santé. Les organisations sociales et caritatives jugent, elles, que l'on s'éloigne définitivement d'un système solidaire. Quant au patronat, il estime lui aussi que la réforme n'est pas satisfaisante : selon Dieter Hundt, président de la confédération patronale allemande, le coût du travail augmente à nouveau, risquant de saper la reprise du marché de l'emploi observée ces derniers mois.

Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Sandrine Blanchard