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Affaire des visas - Fischer a parlé

Yvon Arsenijevic15 février 2005

Des visas pour l’Allemagne détournés par des passeurs entre 2000 et 2003 et utilisés à des fins de trafic humain. L’affaire couve depuis des semaines. Elle a déjà entraîné la démission d’un ancien secrétaire d’État du parti Vert. Et hier, c’est la figure emblématique de ce même parti Vert, Joschka Fischer, le chef de la diplomatie allemande, qui a endossé la « responsabilité politique » de cette affaire. Les réactions de nos confrères de la presse écrite suite à ce nouveau développement.

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Le Ministre des affaires étrangères, Joschka Fischer et... une demande de visa
Le Ministre des affaires étrangères, Joschka Fischer et... une demande de visaImage : dpa/AP/DW

« Fischer parle » titre froidement la FRANKFURTER ALLGEMEINE, mais on entend distinctement le « enfin » dissimulé entre les lignes. Les journaux, de façon générale, ne sont pas tendres avec le ministre des affaires étrangères écologiste.

Même la TAGESZEITUNG de Berlin lui assène un titre de son cru : « Le visa de Joschka Fischer bientôt à expiration » sans y mettre le moindre point d’interrogation. La FREIE PRESSE n’est pas convaincue elle non plus par la prestation du ministre. Quant au « coup de pouce » du chancelier, pour le journal de Chemnitz, s’il fait du bien à Fischer, il ne change rien à l’affaire.

Et l’affaire, pour DIE WELT, est claire, aussi claire que la relation entre le décret Volmer (du nom de l’ancien secrétaire d’État déjà démissionnaire) et la recrudescence des visas incriminés. Reste à savoir quel rôle l’aveuglement idéologique des Verts a joué dans cette affaire, écrit encore le journal de Berlin, et jusqu’où a pu aller la responsabilité personnelle du ministre.

En un peu moins virulent, la THÜRINGER ALLGEMEINE, à Erfurt, estime que si l’intention était bonne, la réalisation le fut moins. Il fallait certes libéraliser la pratique des visas, notamment pour les ressortissants d’Europe de l’Est, mais la porte entrebâillée a vite transformé l’Allemagne en moulin – avec les conséquences que l’on sait.

Trafic de clandestins et prostitution forcée ne sont pas des délits mineurs, souligne la NORDSEE-ZEITUNG qui fonce tête baissée : endosser la responsabilité de « possibles manquements ou fautes » de ses collaborateurs est d’une suffisance sans pareille, écrit notre confrère de Bremerhaven, Joschka Fischer n’a fait que ce que ferait n’importe quel ministre. C’est son implication personnelle qui nous intéresse !

C’est d’ailleurs aussi ce qui intéresse l’opposition chrétienne démocrate qui cherche une fois de plus, non sans raison pour la THÜRINGER ALLGEMEINE, à épingler le ministre Vert. Mais attention, remarquent de leur côté les KIELER NACHRICHTEN, démonter un vice-chancelier n’a jamais remplacé une bonne stratégie, même si d’un autre côté, la coalition rouge-verte a toutes les raisons de prendre au sérieux une affaire grave.

Tellement grave, comme le remarque enfin le HANDELSBLATT que s’il y va de Joschka Fischer, il y va aussi de la politique d’immigration européenne. L’association Europe-de-l’Est/bandes de passeurs/travailleurs clandestins/prostitution forcée pourrait bientôt faire des ravages dans les chaumières et l’idée d’une Europe qui ne peut pas être une forteresse pourrait être la première victime de la controverse sur les visas, conclut le journal de Düsseldorf.