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Afghanistan : le second tour tombe à l'eau

2 novembre 2009

Les quotidiens commentent le retrait d’Abdullah Abdullah de l’élection présidentielle. L’adversaire du président Hamid Karzaï avait annoncé hier qu’il ne participerait pas au second tour.

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Le candidat Abdullah Abdullah a annoncé hier à Kaboul son retrait de l'élection présidentielle. Sa décidion a entraîné l'annulation du second tour.Image : AP
Afghanistan Wahlen Hamid Karsai Wahlplakat
Ce n'est que sous la pression occidentale et après l'annonce des résultats définitifs que le président sortant Hamid Karzaï avait accepté l'organisation d'un second tour.Image : AP

Abdullah Abdullah a justifié sa décision par la crainte de nouvelles fraudes massives, comme lors du scrutin du 20 août dernier. En conséquence de son retrait, la Commission indépendante électorale d'Afghanistan vient de décider d'annuler le second tour.

D’un scrutin difficile à tenir, l’élection en Afghanistan s’est transformée en un véritable fiasco, écrit la Süddeutsche Zeitung. Le plus étonnant dans tout cela, c’est que le président Hamid Karzaï n’aurait pas eu besoin de manipuler les résultats du premier tour, car il avait déjà la majorité de la population derrière lui. Son adversaire Abdullah Abdullah n’a jamais eu de réelles chances de l’emporter. Hamid Karzaï est pachtoune, comme la plupart des Afghans, qui votent en restant fidèles à leur ethnie.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le président Hamid Karzaï, dont l’image laissait déjà à désirer avant les élections, a perdu depuis encore plus d’autorité. Quant à son pays, il est paralysé sur le plan politique. Mais l’image de la communauté internationale à elle aussi souffert. Les Nations Unies, qui voyaient dans la tenue d’une élection présidentielle démocratique et à peu près équitable un pas important vers la stabilisation du pays, ont dû reconnaître que ce scrutin n’était ni démocratique, ni équitable, mais en grande partie manipulé. On avait espéré qu’un second tour pourrait au moins réparer quelque peu les dégâts et permettre de faire bonne figure. Mais la décision d’Abdullah Abdullah d’abandonner la course a mis fin à ce projet.

U.N. Generalsekretär Ban Ki-moon in Kabul
Le secrétaire-général, de l'ONU, Ban Ki-Moon, a effectué lundi une visite surprise à Kaboul. Il s'est notamment entretenu avec le président Karzaï.Image : AP

Ce n’est pas le retrait d’Abdullah Abdullah qui a plongé le processus électoral afghan dans la crise, affirme de son côté la Tageszeitung. C’était la décision irresponsable d’organiser un second tour dans le pays en l’espace de deux semaines, malgré les fraudes massives lors du premier tour. Hamid Karzaï n’a accepté aucune des conditions posées par son rival pour participer au scrutin. Et notamment celle de créer une commission électorale à peu près neutre.

La « Mission Afghanistan » perd de plus en plus sa crédibilité, estime die Welt. Dépendre pendant les cinq prochaines années d’un gouvernement discrédité par des fraudes électorales pour la reconstruction et la pacification de ce pays déchiré, cette perspective est déprimante. Le président Karzaï serait bien avisé d’intégrer Abdullah Abdullah dans un gouvernement d’union nationale. Avec l’aide son adversaire, le chef de l’Etat pourrait consolider son propre pouvoir. Il n’est pas impossible qu’Abdullah Abdullah tablait sur cette solution dès le début.

Aude Gensbittel / Audrey Parmentier