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Afro-Presse, l'Afrique à travers la presse allemande

Sandrine Blanchard20 juin 2009

Cette semaine, parmi les thèmes africains dont la presse allemande a beaucoup parlé, Mouammar Kadhafi en Italie, Bemba et la CPI, la Françafrique ou encore la visite de Morgan Tsvangirai à Berlin.

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La population du Zimbabwe est la première vicitme des sanctions internationalesImage : picture-alliance/ dpa

La tageszeitung revient sur ce qu’elle appelle le « dilemme du premier ministre » zimbabwéen. Le journal rappelle que l’ancien chef de l’opposition et le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, se sont longtemps combattus. Depuis le mois de février, les deux hommes dirigent le pays ensemble et, écrit la taz, autour de la table du conseil des ministres, impossible de savoir, à première vue, qui appartient à quel parti politique… Un gage de réussite, de l’avis de Morgan Tsvangirai. Pourtant, la taz relève le gouffre financier dans lequel le pays continue de s’enfoncer. Les crédits accordés par des banques régionales ces derniers mois, à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars américains, sont encore à l’étude au Fonds monétaire international. Or, poursuit le journal, le gouvernement a besoin chaque mois d’au moins 100 millions de dollars ne serait-ce que pour pouvoir s’acquitter des salaires – et les recettes de l’Etat ne recouvrent qu’un cinquième de ces besoins en liquidités. Pour remettre sur pieds une économie nationale dévastée, le Zimbabwe doit faire appel à des dons extérieurs. Car c’était bien là l’objectif de la visite de Morgan Tsvangirai, venu en Europe pour réclamer une aide axée sur quatre domaines : les petits producteurs agricoles, le système éducatif, la santé et l’administration communale qui se charge de ces dossiers. Verser directement l’aide aux communes et non à l’Etat central est un choix judicieux d’après la taz, qui permet à l’Allemagne d’aider le Zimbabwe, sans reprendre officiellement ses relations avec le pouvoir d’Harare. Car c’est là tout le dilemme: les états européens sont toujours très réticents à coopérer avec le régime honni de Mugabe et donc à lever les sanctions qui pèsent comme un étau sur la population civile. Les voix les plus critiques reprochent désormais au MDC de Tsvangirai d’avoir pactisé avec l’ennemi d’hier sans avoir permis encore d’amélioration palpable. La Süddeutsche Zeitung rappelle pour sa part les conditions posées par Berlin à l’aide promise à Morgan Tsvangirai : la révision des spoliations infligées à certains fermiers, l’adoption d’une constitution, et la mise en place d’une administration digne de ce nom.

Deutschland Simbabwe Morgan Tsvangirai in Berlin bei Angela Merkel
Angela Merkel recevant Morgan Tsvangirai à BerlinImage : AP

A signaler également dans la taz de lundi dernier, un reportage effectué en Afrique du sud, où il est question des réfugiés Zimbabwéens contraints de passer la frontière, pour fuir la misère et l’oppression.

Dans la tageszeitung, aussi, un retour sur la visite très critiquée de Mouammar Kadhafi en Italie.

Flash-Galerie Italien Libyen Muammar al-Gaddafi in Rom
Mouammar Kadhafi: un hôte parfois encombrant?Image : AP

Plus la présence du leader libyen s’éternise et plus les politiciens italiens sont gênés aux entournures, voilà la thèse défendue par le quotidien de gauche. Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, n’a d’ailleurs pas trop apprécié la remarque du dirigeant libyen sur les raisons du terrorisme, qui serait selon lui une conséquence directe de l’ère coloniale. La taz qui écrit par ailleurs que lors de l’intervention de Mouammar Kadhafi à l’université de Rome, ce sont des policiers en costume-cravate, sélectionnés pour l’occasion, qui formaient le gros du public.

Autre quotidien autre thème : la Frankfurter Allgemeine Zeitung revient dans son édition de mardi sur « Le pilier de la Françafrique », à savoir… le Gabon. A l’occasion des obsèques d’Omar Bongo à Libreville, Valéry Giscard d’Estaing, président de la République française dans les années 1970, a lancé un pavé dans la mare, comme le relate la correspondante de la FAZ à Paris.

Jacques Chirac mit Omar Bongo und Denis Sassou Nguesso Flash-Galerie
Image de la Françafrique: J. Chirac, O. Bongo et D. Sassou Nguesso en 2005Image : picture-alliance/ dpa/dpaweb

L’ancien chef de l’Etat a en effet rappelé à la radio qu’Omar Bongo avait financé la campagne électorale de Jacques Chirac en 1981, ce qui avait valu à la droite éparpillée de perdre la présidentielle face à François Mitterrand. Le journal se souvient cependant que le président gabonais s’est montré généreux avec tous ses homologues français de la Vè République. D’ailleurs le « Monsieur Afrique » du Général de Gaulle, Jacques Foccart, officiait encore sous Giscard. Et sous le socialiste Mitterrand, Omar Bongo a obtenu la tête d’au moins un ministre de la Coopération, Jean-Pierre Cot. La FAZ évoque dans le même article l’Affaire Elf et la circulation de fonds issus de l’exploitation pétrolière entre le Gabon et la France, où caisses des états étaient volontiers confondues avec intérêts particuliers des dirigeants. L’article se finit sur une réflexion grinçante de feu le président gabonais : « L’Afrique sans la France, c’est une voiture sans conducteur et la France sans l’Afrique, c’est une voiture sans essence ».

A propos de voiture, dans la Süddeutsche Zeitung, il est question de safari et de tourisme pas très solidaire… Un reportage, à lire et à méditer, dans l’édition du 18 juin, sur les ravages du tourisme organisé ou plutôt mal organisé – en l’occurrence à la frontière entre l’Ethiopie et le Kenya.

Alltag in Äthiopien, Kind vor einer Hütte
Case à Arsi Negelle, dans le sud de l'EthiopieImage : Peter Zimmermann

Le reporter du quotidien munichois décrit l’auto-mise en scène pathétique des populations villageoises entre la région de Konso et le fleuve Omo, qui « vendent leur fierté » aux touristes occidentaux, pour reprendre le titre de l’article, à coups de femmes-plateau et de poses avec des kalachnikovs. Et des touristes irrespectueux des lieux et des gens qui dénaturent avec leurs billets de banque et leur appareil-photo en quête de folklore et la région et les traditions locales.

Plus directement lié à l’actualité : la tageszeitung évoque aussi la décision de la Cour pénale internationale de juger Jean-Pierre Bemba pour des crimes par sa milice du MLC en Centrafrique. Une décision d’ailleurs saluée entre temps par Bangui. La taz retrace la genèse des cinq chefs d'accusation retenus par la CPI contre l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo, dont crimes de guerre et crimes contre l'humanité, entre octobre 2002 et mars 2003 alors que le MLC prêtait main forte au président Patassé pour le maintenir en place contre les rebelles emmenés par François Bozizé.

Le Tagesspiegel évoque enfin un projet de fondation nommé Desertec : plusieurs entreprises allemandes veulent lancer un consortium à la mi-juillet. Ce groupe sera chargé de construire une centrale solaire géante dans les déserts du nord de l'Afrique … une centrale de plusieurs milliers de kilomètres qui alimenterait l'Europe en énergie « propre ».

DESERTEC Foundation Karte
Carte de la Fondation DesertecImage : DESERTEC Foundation

Encore 400 milliards d’euros d’investissements et le premier courant solaire en provenance du Sahara devrait arriver en Europe aux alentours de 2020. Le Tagesspiegel explique que ce type d’énergie revient, certes, encore plus cher à la production que l’exploitation du charbon, par exemple, mais, au final, l’énergie solaire est plus rentable, étant donné les économies en CO2. Cette formule intéresse une vingtaine de groupes industriels qui vont prendre part à ce projet.