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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande. Kenya

Marie-Ange Pioerron12 septembre 2003
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Nous commençons par le Kenya où la mort du vice-président Michael Wamalwa inspire une inquiétude dont la Süddeutsche Zeitung se fait l'écho dans un long article. Depuis l'élection présidentielle de décembre dernier, le Kenya a vécu dans un état d'ivresse, note le journal, une ivresse merveilleuse et persistante. Pendant plus de six mois le Kenya a été l'exception africaine, le pays qui au bout de 24 ans a balayé le régime autoritaire de Daniel arap Moi par des élections libres et démocratiques. Et le miracle a continué après le scrutin. Pendant des mois le nouveau président Mwai Kibaki a réservé presque quotidiennement de bonnes surprises aux Kenyans. Le journal cite par exemple la décision de supprimer les frais de scolarité pour tous les enfants du primaire, la mise en place d'une commission d'enquête chargée d'élucider le plus grand scandale financier de l'ère Moi, l'ouverture des chambres de torture de l'ancien régime. Mais poursuit notre confrère, il faut bien qu'à un moment ou un autre l'ivresse se dissipe. Les Kenyans ont été réveillés le 23 août et les maux de tête sont toujours terribles. Ce jour-là le vice-président Michael Wamalwa est mort à l'âge de 58 ans dans un hôpital londonien. C'était l'un des symboles du renouveau et du changement. C'est grâce à lui notamment que 14 partis de l'opposition s'étaient regroupés au sein de la coalition arc-en-ciel pour infliger une défaite cuisante à la KANU. Sa mort, souligne le journal, laisse un vide qui recèle bien des dangers. Des luttes de pouvoir s'annoncent déjà. Dans le pire des cas elles pourraient mettre un terme au miracle kenyan et faire capoter le gouvernement du président Kibaki. La Tageszeitung de Berlin consacre de son côté toute une page à l'une des facettes de ce miracle kényan : la gratuité de l'enseignement primaire. Les parents ne doivent plus payer que l'uniforme - ce que certaines familles, il est vrai, ne peuvent pas non plus se permettre dans un pays où plus de la moitié de la population doit survivre avec un euro par jour. Mais note le journal, même à Kawangare, une banlieue pauvre de Nairobi, les enfants sont beaucoup plus nombreux à aller à l'école. Des écoles aux classes surpeuplées qui manquent de livres, de cahiers, de crayons. Mais le journal ne nous fait pas moins partager la joie de Magdaline Agwanda, 10 ans, qui a réalisé son rêve : elle qui aime les livres, elle sait maintenant lire.

Autre thème cette semaine pour la presse allemande: l'élection du premier Africain à la tête du Conseil oecuménique des Eglises. Et cela nous ramène au Kenya, puisque le nouveau secrétaire général du COE est un pasteur méthodiste kényan, Samuel Kobia. La Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui brosse son portrait, rappelle que le COE rassemble 341 églises dans plus de cent pays, et que l'Eglise catholique n'en fait pas partie. Sam Kobia, nous apprend le journal, est né en 1947, il est diplômé en théologie du St Paul's College au Kenya, il a aussi une maîtrise en urbanisme de l'institut de technologie du Massachusetts. Il prend la direction du COE, souligne le journal, à un moment où celui-ci traverse l'une des pires crises de son histoire. Crise financière gravissime, avec une diminution de moitié des recettes en l'espace de six ans, mais crise également née du conflit, au sein du conseil oecuménique, entre églises protestantes et églises orthodoxes. Sam Kobia, poursuit le journal, sait que sa tâche de secrétaire général dépasse de loin la garantie du cadre financier. Lui-même entend être plutôt un guide spirituel. Le maintien de la cohésion entre les églises membres du Conseil oecuménique n'en sera que plus difficile. Enfin puisque nous parlons d'églises sachez encore que la Tageszeitung se fait l'écho du rapport publié par un collectif d'évêques zimbabwéens et sud-africains sur les atrocités commises au Zimbabwe par les jeunes miliciens au service du régime. Ce collectif d'évêques, présidé par l'évêque catholique de Bulawayo, Pius Ncube, adresse un message on ne peut plus clair aux dirigeants de l'Afrique australe, note le journal : ils doivent cesser d'ignorer les violations des droits de l'homme au Zimbabwe et il faut en finir avec le régime Mugabe.