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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Aude Gensbittel18 août 2006

Cette semaine, plusieurs journaux consacrent des articles à la République Démocratique du Congo.

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La Tageszeitung note les accusations de fraude de plusieurs candidats à l’élection présidentielle. Le journal relève aussi la lenteur et la difficulté du décompte des voix à l’échelle du pays entier. L’hebdomadaire Der Spiegel de son côté ne se penche pas directement sur les élections, mais évoque un projet de « parrainage » de la RDC par les pays occidentaux. Des représentants de la Banque Mondiale, du Fond Monétaire International et des émissaires des Etats-Unis et de l’Europe se sont réunis à Kinshasa et se sont mis d’accord sur les grandes lignes d’un programme gouvernemental pour le Congo, écrit le magazine. Aucun Congolais n’était invité. Et pourtant le dépouillement des bulletins du scrutin historique du 30 juillet n’était même pas encore terminé. Mais quel que soit le vainqueur, il devra faire face à une alternative très claire : s’il n’accepte pas les objectifs occidentaux, les vivres lui seront coupées. L’Union Européenne et les Nations Unies ont fait don d’environ un demi milliard de dollars pour des élections à peu près démocratiques au Congo. Mais comme des chefs de milice corrompus ne deviennent pas du jour au lendemain des dirigeants honnêtes, les riches pays donateurs veulent d’abord prendre eux-mêmes en main le développement politique et économique du pays. L’assemblée d’experts, qui veut fixer les détails au mois de septembre, s’est tout d’abord entendue sur deux grands domaines : d’une part la sécurité, d’autre part la transparence en économie et en politique.

Il n’y pas que l’aspect politique qui intéresse la presse allemande, elle se penche aussi sur certains problèmes sociaux en RDC…

La Frankfurter Rundschau publie un reportage sur les enfants des rues à Kinshasa. Mais pas n’importe lesquels, il s’agit d’enfants accusés de sorcellerie ou d’envoûtement et chassés de leurs familles. Ils seraient plus de 25 000 dans la capitale. Un centre pour enfants les accueille dans le quartier de Masina, dirigé par le sociologue Fabrice Kazadi. Selon lui, on peut voir là une horrible pratique pour se débarrasser des enfants non désirés. Mais le phénomène a aussi beaucoup à voir avec la grave crise au Congo. La guerre, le sida et la pauvreté grandissante ont mené les gens à une situation tellement désespérée, qu’ils ne peuvent plus que rendre les forces obscures responsables de leur triste sort, explique-t-il. Le directeur du centre tente de faire revenir les enfants dans leurs familles, ou au moins de rétablir un contact.

Le Nigeria retient également l’attention des journaux allemands, avec les nombreux enlèvements de ressortissants étrangers travaillant dans le secteur pétrolier.

Plus de 35 employés étrangers, dont deux Allemands, ont été enlevés depuis le depuis de l’année dans le pays, qui est le huitième plus grand exportateur de pétrole au monde, rappelle la Tageszeitung. Les médias nigérians voient un lien entre l’insécurité grandissante et la lutte de plus en plus tendue pour la succession du chef de l’Etat Olusegun Obasanjo, dont le mandat s’achève en 2007, écrit le quotidien. Son parti, le PDP, Parti démocratique populaire, très influent dans le delta du Niger, n’a jusqu’à présent pas réussi à s’accorder sur un successeur. Plusieurs responsables locaux du PDP ont été assassinés au cours des dernières semaines. Des hommes politiques du delta du Niger plaident actuellement pour présenter le prochain candidat du PDP à la présidence, et mettre ainsi un terme à la marginalisation des régions pétrolières dans la politique du Nigeria. Mais le pouvoir grandissant des rebelles dans leurs bastions sapent leur efforts pour se présenter comme des leaders compétents.

« Dangereux mélange de pauvreté, de crime et de corruption » titre de son côté la Süddeutsche Zeitung. Le journal note le changement de ton du président Obasanjo, qui a menacé les preneurs d’otages de dures représailles. Des patrouilles des forces nationales de sécurité devraient à présent surveiller 24h/24 le delta du Niger. Depuis le début de l’année, l’intensification de la violence a fait baisser de 25% la production de pétrole du Nigeria. Mais ce qui complique encore la situation, c’est qu’en plus des gangs criminels, intéressés uniquement par le profit, il y aussi des groupes de résistance qui ont des revendications politiques, notamment un meilleur partage des revenus du pétrole, plus de développement et la protection de l’environnement.