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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron10 mars 2006

RDC/UE – Kenya – Zimbabwe

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Sans surprise l’incapacité des Européens à s’entendre sur l’envoi d’une force d’un millier de soldats en République démocratique du Congo fait couler beaucoup d’encre cette semaine dans les journaux.

« Berlin prêt à une mission de la Bundeswehr au Congo » titre à la une la Süddeutsche Zeitung avant de préciser aussitôt qu’aucun accord n’est encore intervenu sur une opération de l’UE qui serait chargée de sécuriser les élections censées se tenir avant la fin juin. Au sein même de l’armée allemande, note le journal, l’idée d’aller au Congo ne suscite pas franchement l’enthousiasme. Même si la mission était limitée à Kinshasa elle pourrait, en cas de troubles, dégénérer en affrontements armés. Les élections risquent de plonger à nouveau le pays dans le chaos. Les perdants reprendront très certainement les armes. Dans le même ordre d’idées la Frankfurter Rundschau relève que selon le ministre belge de la défense, qui s’est rendu à Kinshasa, le pouvoir congolais est très réticent à accueillir des soldats européens. Il a de bonnes raisons de l’être, écrit le journal. La mission européenne devrait empêcher les perdants de l’élection présidentielle de lancer leurs milices sur la capitale. A propos de milices justement, la Tageszeitung note que la grande offensive lancée contre des milices dans l’est du Congo s’est achevée prématurément par une révolte au sein de l’armée congolaise. Des soldats se sont mutinés en Ituri contre le haut commandement de l’armée, accusé de collusion avec les milices. Un environnement bien peu propice, souligne le journal, à une possible intervention de l’Union européenne. Tout l’est du Congo est à nouveau la proie de combats qui échappent à une logique nationale mais servent des luttes de pouvoir locales. Au demeurant le journal a du mal à croire que les élections aient vraiment lieu le 18 juin. Pendant que les Européens peinent à s’entendre sur l’envoi d’une force au Congo, la communauté internationale, conclut la TAZ, perd de vue que la préparation des élections piétine et que le processus de paix part à la dérive.

Le Kenya fait aussi parler de lui cette semaine dans la presse allemande. Il est question de corruption et d’un Monsieur Propre, John Githongo.
John Githongo, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, c’est celui qui au début de l’ère Kibaki a été le « tsar de l’anti-corruption ». Mais pour les puissants il était devenu trop puissant. Après avoir reçu des menaces de mort, il s’est exilé en Grande-Bretagne d’où il règle maintenant ses comptes. Ses révélations sur un énorme scandale de corruption ont déjà coûté leurs postes à deux ministres, souligne le journal. Githongo incarne une autre Afrique, ajoute notre confrère. Rien ne dit qu’il pourra mobiliser suffisamment de forces pour triompher rapidement. Mais il est d’ores et déjà devenu la figure emblématique d’un changement douloureux exigé non seulement par une couche moyenne africaine frustrée mais aussi par les bailleurs de fonds occidentaux. Ce n’est pas un hasard, note la Süddeutsche Zeitung, si Githongo a été récemment invité dans un restaurant londonien par Paul Wolfowitz, le nouveau patron de la Banque Mondiale.

Enfin le Zimbabwe fournit un autre thème africain à la presse allemande de la semaine.

Comme l’écrit Die Welt, Robert Mugabe peut respirer. Il a reçu, avec un peu de retard, un beau cadeau d’anniversaire pour ses 82 ans. Le MDC, le principal parti d’opposition, s’est scindé. Morgan Tvsangirai, le président et co-fondateur du MDC, a qualifié la scission d’illégitime. Mais ce divorce ne peut qu’affaiblir davantage ce parti qui, à l’élection présidentielle de 2002, avait représenté une sérieuse menace pour Mugabe, souligne le journal.